Talentueux, engagés, audacieux. La Presse Affaires présente le portrait de jeunes entrepreneurs, gestionnaires et professionnels qui forment la relève de demain.

Il y a cinq ans, Rebecca Cohen-Palacios travaillait à Toronto dans les sites web sans vraiment se sentir à sa place. Par hasard, elle est tombée sur l'annonce d'un atelier de création de jeux vidéo pour les femmes. Elle s'est dit : « Pourquoi pas ? »

Jeune, avec ses frères et soeurs, elle était maniaque des grands classiques Mario Kart et Super Smash Bros. « Même ma mère jouait à Tetris ! » Pourtant, jamais elle n'avait pensé en faire une carrière. Pendant ses études à Concordia en arts numériques, elle n'avait pas de cours dans le domaine et n'avait jamais vu d'occasion de mettre le pied dans l'industrie. Cet atelier a été une révélation. Elle avait enfin trouvé ce qu'elle voulait faire dans la vie. Deux ans plus tard, une fois de retour à Montréal, elle a cofondé, avec Tanya Short, Pixelles, un organisme à but non lucratif qui permet à des femmes de créer leur premier jeu vidéo dans un programme de six semaines.

« Pour le premier atelier, nous avons eu 65 dossiers de candidature pour 10 places ! », indique dans un excellent français cette Américaine d'origine arrivée dans la banlieue sud de Montréal à 16 ans. Les femmes trouvent aussi chez Pixelles des mentors qui tentent de leur ouvrir des portes dans l'industrie.

Rebecca Cohen-Palacios travaille chez Ubisoft depuis deux ans et demi. Elle est maintenant développeuse, interface. Concrètement, elle travaille sur les menus dans les jeux.

Le premier jeu sur lequel elle a travaillé est Shape Up, un jeu de mise en forme pour Kinect. Puis, elle a été de l'aventure du grand classique Assassin's Creed Syndicate, lancé l'an dernier. Maintenant ? Aucun moyen de savoir. Son projet est ultrasecret, comme c'est généralement le cas dans l'industrie. Elle a tout de même accepté de répondre à quelques questions de La Presse.

Quel est votre plus grand défi comme développeuse interface ?

Il n'y a pas un grand défi dans mon travail, mais plusieurs petits chaque jour, comme déboguer quelque chose ou finir une tâche. J'adore mon travail, mais il demande beaucoup d'énergie et de créativité. Comme développeuse, interface, je dois communiquer avec plusieurs personnes, comme les artistes et les gens de l'audio. Il faut tenir compte de nombreux détails, il y a plusieurs tests à faire et des changements à réaliser pour améliorer ce qui fonctionne moins bien. Il y a beaucoup d'amour qui entre là-dedans !

Quel a été votre pire échec duquel vous avez appris ?

Ne pas prendre de temps pour moi. Je travaille les jours de semaine, puis les soirs et les fins de semaine, je gère Pixelles. Je m'implique aussi dans la communauté comme mentor auprès d'autres femmes. Parfois, je devais être en congé, puis je me disais que j'allais seulement répondre à un courriel, ou travailler une heure, puis quelques heures plus tard, j'étais toujours en train de travailler. Il y a un an, je me suis dit que c'était assez ! J'ai commencé à m'imposer de prendre les dimanches pour moi. Mon travail est exigeant, j'ai besoin d'énergie, de créativité, d'avoir une bonne attitude. Je dois m'accorder ce temps et, surtout, ne pas me sentir mal de le faire.

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?

J'aimerais gérer ma propre équipe en interface. Toujours dans les jeux vidéo. C'est vraiment une belle industrie dans laquelle faire carrière. J'ai même recommencé à jouer lorsque Assassin's Creed Syndicate est sorti. J'ai trouvé ça très le fun de voir mon travail intégré dans un jeu et de voir aussi le travail de mes collègues. C'est satisfaisant ensuite de constater que les gens aiment le jeu sur lequel tu as travaillé.

Nommez-moi une personne qui vous inspire.

Toutes les femmes autour de moi dans l'industrie, et aussi les femmes qui font leur premier jeu avec Pixelles. Elles sont excitées et fières de ce qu'elles ont réussi à réaliser et elles veulent aller plus loin. On dit souvent qu'il y a peu de femmes en jeux vidéo, mais des efforts se font pour changer les choses.