Talentueux, engagés, audacieux : La Presse Affaires présente le portrait de jeunes entrepreneurs, gestionnaires et professionnels.

À 14 ans, Alex Bastide savait déjà qu'il voulait un magasin. À 19 ans, il terminait un diplôme d'études professionnelles (DEP) en vente. Au même moment, il ouvrait Underworld, un magasin de destination spécialisé en musique, planche à roulettes et vêtement. À 25 ans, il prenait la rue Sainte-Catherine d'assaut avec une deuxième adresse. Il gérait 85 employés. Puis, il a ouvert une boutique à Vancouver.

Mais à 38 ans, il réalisait que le monde avait changé et qu'il avait fait le tour du jardin. Il a mis de côté la vente au détail et s'est lancé dans la restauration avec le premier L'Gros Luxe, sur le Plateau Mont-Royal. Le concept : un resto avec une ambiance chaleureuse, des plats réconfortants et des cocktails originaux. Comme un grilled cheese à la poutine et un Bloody Caesar garni de rondelles d'oignon (ou d'un mini burger !). Le tout à des prix abordables pour que sa clientèle de quartier puisse revenir souvent.

Dès le départ, il avait de grandes ambitions. Tellement convaincu de son concept, il a loué en même temps son local du Mile End pour y ouvrir un deuxième resto. Moins de deux ans plus tard, il a maintenant six restaurants, dont un à Québec, et 250 employés. Il est en train de transformer sa première adresse en L'Gros Luxe 100 % végétarien. Il annoncera bientôt une septième adresse en région. Et il lorgne l'Europe. 

Quatre questions à un entrepreneur qui voit loin.

Quel est votre plus grand défi comme entrepreneur ?

Le gouvernement et les banques ! Les obstacles sont toujours liés au financement et au respect de toutes les lois. Il faut les permis d'alcool, les permis de terrasse, il faut remplir les rapports de TPS/TVQ et du MEV (module d'enregistrement des ventes), faire les déductions à la source. C'est beaucoup de paperasse.

Quel a été votre pire échec duquel vous avez appris ?

Je n'ai jamais eu de gros échec, mais j'ai tendance à vouloir avancer un peu trop rapidement. Pour trouver du financement, je dois me ralentir un peu. Puis, j'ai appris avec mes boutiques qu'il ne fallait pas être borné. Les gens ne veulent plus acheter de musique et c'est normal puisqu'ils peuvent l'avoir gratuitement. Je ne pouvais pas me battre contre ça. Il faut s'ajuster et, parfois, il faut savoir tirer la plogue. C'est ça, être entrepreneur.

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?

Je me vois à Paris ! Je veux avoir au moins un L'Gros Luxe à Paris, mais idéalement trois. Mon père est français et j'aime la relation entre les Québécois et les Français. Je veux que les Français essaient l'expérience L'Gros Luxe à Paris et aient ensuite envie de venir nous voir au Québec. Je veux que le plus possible de Québécois travaillent dans mes adresses à Paris. Je veux ainsi amener le Québec à Paris. Je veux faire parler, déranger, je vais même encourager les Français à donner du tip ! Puis, peut-être qu'on aura des restaurants dans d'autres villes en France. Je regarderai aussi pour ailleurs en Europe, comme Barcelone et Londres. J'ai toujours eu cette vision d'exportation.

Nommez une personne qui vous inspire.

Le premier nom qui me vient en tête, c'est Barack Obama. J'adore cet homme. J'adore la façon dont il s'exprime. Je peux regarder tous ses discours. J'aime les valeurs qu'il porte, son côté humain. C'est important pour moi, le côté humain dans mes restaurants. Je suis végétarien depuis 20 ans par respect pour la vie, pas parce que je n'aime pas la viande. Je travaille à réduire au maximum les déchets dans mes restos. Pour éliminer énormément de vitre, par exemple, je me suis tourné vers le vin en fût. Je commencerai le compost cet été. C'est important, les valeurs. Même en affaires. On peut passer des messages, faire une différence.