La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Raymond Leduc, président de Nova Bus et de Prévost, répond aujourd'hui aux questions de Lino A. Saputo Jr, président et chef de la direction de Saputo.

Au cours de la dernière décennie, Nova Bus a conçu des autobus hybrides rechargeables et des autobus entièrement électriques. Quelle sera selon vous la prochaine technologie qui viendra révolutionner l'industrie des transports ?

Pour nous, ce sera l'électrification des transports, qui représente vraiment un immense potentiel pour les villes. Ça nous permettra de livrer des autobus silencieux, qui n'émettent aucune émission de gaz à effet de serre. On pourra concevoir partout dans les villes des stations d'autobus à l'intérieur où les gens pourront attendre et monter dans l'autobus au chaud, un peu comme pour le métro, mais en surface. À Göteborg en Suède, où se trouve la maison mère de Volvo, on peut voir un autobus se garer dans une bibliothèque tellement il est silencieux et propre. C'est assez fascinant. Zara Larsson, une des vedettes les plus connues de la Suède, a fait un enregistrement en roulant sur la ligne 55 de la ville.

Les autobus 100 % électriques arriveront à Montréal plus tard cette année. Les gens auront ainsi l'occasion de les voir en action. En fait, ce qu'on veut faire, c'est améliorer l'expérience des usagers et attirer de plus en plus de gens vers les transports en commun.

Comment Nova Bus a-t-elle changé depuis son acquisition par Volvo Bus Corporation ?

Volvo est propriétaire de Nova Bus et de Prévost à 100 % depuis 2004. Les deux entreprises ont longtemps gardé une certaine indépendance, mais l'électrification des transports a accéléré les possibilités de collaboration. Le projet nous a permis de nous intégrer davantage au sein du groupe. En faisant partie du groupe Volvo, on a l'occasion de travailler dans des équipes de classe mondiale, de faire valoir la qualité de notre équipe ici et de développer des produits à l'échelle mondiale. Grâce au projet d'autobus électriques du gouvernement du Québec, les ingénieurs de Nova Bus ont eu la chance de travailler au niveau international, que ce soit au sein du groupe ou dans d'autres organisations, comme SAE. On a vraiment pu faire rayonner l'expertise québécoise. On voit beaucoup de synergie entre Volvo, Nova Bus et Prévost, parce qu'un marché de navettage (qu'on appelle commuting en anglais) se développe dans les villes. Les banlieues deviennent de plus en plus grosses, et il y aura aussi du transport interurbain en navette entre les banlieues et les villes.

Avez-vous l'intention d'ouvrir des usines ailleurs qu'en Amérique du Nord ?

Nova Bus et Prévost sont des marques d'ici. On ne se voit pas ouvrir des usines ailleurs. On va continuer à se concentrer sur l'Amérique du Nord, surtout que Volvo est déjà très présente dans le monde et qu'elle est bien implantée. Notre maison mère vend dans 180 pays dans le monde, dont 19 où elle a des installations.

Est-ce que vous envisagez d'offrir à vos clients d'autres types de véhicules à court ou à moyen terme ?

En ce qui concerne l'autobus urbain, c'est sûr que notre objectif est d'accompagner nos clients dans leur ambition d'électrification. C'est l'avenir. Au sein du groupe Volvo, on va développer le programme de Cité Mobilité, pour accompagner les sociétés de transport dans leurs projets. On parle ici de véhicules, mais aussi de toute l'infrastructure liée à ce mode de transport. On veut aider les villes dans cette transition. Du côté de Prévost, on a lancé récemment le X3-45, un véhicule idéal pour le transport entre la ville et la banlieue et aussi entre banlieues.

Comment les tendances de développement durable dans les transports ont-elles influencé vos pratiques d'affaires ?

Au fil du temps, le rôle des sociétés de transport a évolué. Il passe maintenant du rôle d'opérateur à celui de planificateur. De notre côté, on souhaite offrir aux villes une approche plus personnalisée pour faire face aux défis urbains. C'est encore plus vrai avec notre stratégie d'Électro Mobilité. C'est pour cette raison que Volvo a développé le projet Cité Mobilité en collaboration avec les villes et les sociétés de transport.

Le parcours de Raymond Leduc en bref

• Âge: 57 ans

• Études: Raymond Leduc détient un baccalauréat en génie mécanique et un MBA de l'Université McGill. Il est aussi diplômé du programme de l'Institut des administrateurs de sociétés.

• Président depuis: 1er février 2016

• Nombre d'employés: 2300 en Amérique du Nord

• Avant d'être à la tête de Nova Bus et de Prévost: Il a travaillé 31 ans chez IBM Canada à Bromont. Il y a notamment été directeur général. Il a aussi été président de Bell Helicopter Textron à Mirabel, une entreprise au sein de laquelle il a travaillé pendant près de quatre ans.