La Presse Affaires donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Stéphane Glorieux, président de Keurig Canada, répond aux questions de Marc Parent, président-directeur général de CAE.

Quel est le rôle de la technologie et de l'innovation au sein de votre entreprise ?

C'est au coeur de Keurig. C'est une de nos quatre valeurs, on dit qu'on doit innover avec passion. Ça se traduit aussi par des données plus techniques : on a 400 brevets actuellement, au-delà de 200 chercheurs dans le développement de nos systèmes d'infusion et une centaine de scientifiques dans les boissons. On est à l'écoute des commentaires des consommateurs et on les incorpore dans les différentes révisions de nos infuseurs.

On pousse beaucoup la technologie, et c'est ce qui nous distingue. On a par exemple lancé en novembre dernier le Keurig Cold, une plateforme qui permet de faire des boissons gazéifiées (ou non) à la maison, sans avoir besoin d'une bonbonne de gaz. Tout se passe dans la cartouche, et on arrive à refroidir et à gazéifier en une minute.

Van Houtte a été acheté par Keurig Green Mountain en 2011. L'intégration de la marque et de l'entreprise a-t-elle posé des défis ?

Van Houtte, c'est une riche histoire pour nous. C'est un des cinq torréfacteurs qui ont été responsables du démarrage de Keurig il y a une dizaine d'années. Bref, Keurig a été acheté par Green Mountain, qui a ensuite acheté les cinq torréfacteurs. Le dernier était Van Houtte, pour plus de 900 millions. C'est une marque forte au Québec. Cette année, on veut moderniser son image, développer aussi le reste du Canada de façon plus importante. Van Houtte est la marque numéro 1 au pays dans le système d'infusion Keurig.

On a eu des défis, bien sûr. Mais on a vite vu que les valeurs et la culture d'entreprise de Van Houtte étaient très similaires aux nôtres. L'intégration a été facile. Ça se passe extrêmement bien et ça nous a permis de faire des investissements massifs au Québec.

Il y a de plus en plus de concurrence dans le marché du café. Comment comptez-vous continuer à vous démarquer et maintenir vos parts de marché ?

On a un paquet de marques, comme Timothy's ou Green Mountain, qui commencent à se faire connaître ici. On se démarque par l'innovation. On a entre autres lancé cette année des cafés de spécialité Van Houtte pour nos infuseurs. On lancera fort probablement des cidres ou même des soupes. On calcule qu'au-delà de 20 % des ménages canadiens possèdent et utilisent une Keurig actuellement. Ça fait plus de 2,5 millions d'infuseurs au Canada. La porte est grande ouverte pour continuer notre progression.

Quelle est votre approche en matière de développement durable ?

C'est toujours un des enjeux sur lesquels on a le plus de questions. On le dit depuis le début ; on a une relation étroite avec nos fournisseurs et nos employés. On veut vraiment se démarquer de ce côté-là. D'ailleurs, on veut réduire l'impact de notre chaîne d'approvisionnement sur l'environnement en atteignant l'objectif zéro déchet dans nos usines. On est très bien partis, on a un taux de diversion de 85 % actuellement. Nous avons quatre formats de capsules, dont trois sont recyclables. La K-Cup, la plus connue, est notre cheval de bataille. On va dès cette année en lancer une recyclable, en ayant l'objectif que toutes les capsules soient recyclables d'ici 2020.

On veut aussi être partie prenante de notre communauté. Chaque année, on envoie certains employés dans les fermes de café pour se sensibiliser aux défis d'un agriculteur. Ils en reviennent transformés. Dans le quartier Saint-Michel, on fait des dons et du bénévolat et on en est très fiers. Dans notre jargon, on appelle ça « infuser un monde meilleur ». Chaque employé peut d'ailleurs faire jusqu'à 52 heures de bénévolat par an, sur ses heures de travail.

Vous avez beaucoup investi dans les dernières années à votre usine de Montréal. Dans le contexte économique actuel, est-ce que cela porte fruit ?

Ah oui ! On a investi plus de 55 millions pour moderniser toutes nos installations de Saint-Michel, on a consolidé des opérations canadiennes, ce qui nous a permis d'accroître notre compétitivité et de devenir un joueur-clé dans le réseau de Keurig Green Mountain. On produit toutes les semaines des millions de K-Cup pour les États-Unis. On est très fiers de ça. On a aussi reçu à la fin de l'année dernière le mandat nord-américain pour la production de l'ensemble du portfolio de café en grains de Green Mountain. Tous les sacs partent maintenant de notre usine.

À lire la semaine prochaine : Daniel Lamarre, président du Cirque du Soleil, répond aux questions de Stéphane Glorieux.

LE PARCOURS DE STÉPHANE GLORIEUX EN BREF

Âge : 48 ans

Études : Il est titulaire d'un diplôme en génie mécanique de Polytechnique Montréal et d'un MBA de l'Université McGill.

Président depuis : mai 2014

Nombre d'employés : 1500 au Canada, dont 800 au Québec

Avant d'être président : Il a occupé différents postes de direction au sein de Kraft Food France et Kraft Canada. Il s'est joint à Keurig Canada en 2012 à titre de vice-président, opérations.