La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal, répond aujourd'hui aux questions de Carolyn Hébert, directrice générale de Vision Mondiale-Québec.

Depuis que vous êtes chez Tourisme Montréal, vous avez instauré des réflexes d'affaires à l'organisme. De quelle façon cela se reflète-t-il dans les actions de Tourisme Montréal?

C'est une question de recentrer nos efforts. Je crois beaucoup au retour sur l'investissement. Il y a deux mots qui sont importants pour nous: «nuitées» et «notoriété». La notoriété de la destination et les nuitées générées pour nos 800 membres. On est passés de 21 à 8 créneaux, pour ne pas s'éparpiller. Cinq sont hyper importants pour solidifier les forces de Montréal: la gastronomie, le créneau où Montréal se distingue le plus à l'étranger, le nightlife, la famille, les jeunes de 18-30 ans, qui viennent à Osheaga ou à Île Soniq et qui adorent Montréal, ainsi que les événements. Les trois autres créneaux concernent les affaires. Ce sont les marchés sportif, associatif et corporatif.

On a aussi délimité les régions géographiques. On est obsédés par Toronto, on croit que c'est l'endroit où on peut aller chercher le plus de touristes pour Montréal. On travaille aussi dans le nord-est des États-Unis et dans la France et le monde francophone. La Chine est de son côté un marché stratégique. On a également ajouté des moments thématiques, comme Montréal s'éclate ou Montréal vibre, et lancé des produits comme Passeport MTL. On calcule maintenant toutes les retombées.

Le tourisme à Montréal fracasse des records cette année. Quels sont le rôle et les projets de Tourisme Montréal relativement au 375e anniversaire en 2017?

Le tourisme va super bien. On devrait avoir des records de tarif moyen dans les hôtels et des records du taux d'occupation. On a été surtout surpris par la mixité des touristes. Aux mois d'avril et de mai, il y a eu plusieurs congrès. De juin à août, il y a eu énormément de touristes américains (une augmentation de 33%) et canadiens. Beaucoup d'Ontariens et de gens des Maritimes ont choisi Montréal. On a vu aussi plus d'Asiatiques. Montréal est la ville où la valeur, le taux moyen, a le plus augmenté au Canada, avec Vancouver, et ce n'est pas seulement grâce au taux de change.

Pour le 375e anniversaire, la programmation sortira le mois prochain et on l'intégrera à notre stratégie. On investira nos efforts dans les moments où la ville en a le plus besoin. Ça peut être en mars ou en novembre, par exemple. Il y a déjà beaucoup d'événements et de congrès, on s'assurera de combler les vides et d'en faire la promotion dans d'autres marchés. Huit hôtels seront aussi bâtis d'ici la fin de 2017.

En tant que leader d'affaires du milieu montréalais, quelle est votre vision à long terme de la gestion de Tourisme Montréal?

Tourisme Montréal est important, même si les gens ne nous connaissent pas bien. On est là pour vendre la ville et s'assurer que les touristes dépensent dans la ville. Les acteurs doivent travailler ensemble pour susciter l'intérêt. On doit être plus commerciaux dans notre approche. Le produit montréalais doit également continuer à s'améliorer. On doit aller chercher des investisseurs. Le maire parle par exemple d'une équipe de baseball. Un aquarium pourrait être intéressant, une grande roue en 2017 aussi. On est impliqués pour influencer les acteurs importants. Le Vieux-Port de Montréal devrait, selon moi, devenir l'endroit par excellence pour les familles. C'est spectaculaire et on a plusieurs projets pour l'améliorer. On travaille aussi sur le triangle touristique, entre le Parc olympique, la montagne et le parc Jean-Drapeau. Le Palais des congrès doit s'agrandir si on veut aller chercher des événements internationaux. On est un peu critiques, mais on a une super belle ville.

Quels sont vos projets ou priorités pour Tourisme Montréal sur le long terme, au-delà du 375e anniversaire?

Je vous ai déjà donné plusieurs projets et priorités sur lesquels on travaille. On veut améliorer le produit, on veut s'assurer d'accroître les vols directs vers des destinations importantes, que ce soit le Liban, l'Europe du Nord, l'Asie ou l'Amérique du Sud.

Montréal a une position enviable dans les palmarès mondiaux. Quelle sera la place de notre métropole à l'avenir?

On a un maire très orienté vers l'international. Nos relations avec Paris, Lyon et la francophonie en général vont de mieux en mieux. Ça aide à la réputation de la ville. L'extension du Palais du congrès nous permettrait de rejoindre 150 organisations qu'on n'est pas capables d'aller chercher en ce moment, parce qu'on est trop petits. On va évidemment profiter aussi du fait que notre devise est plus faible pour accentuer nos efforts commerciaux aux États-Unis.

Le parcours d'Yves Lalumière en bref

Âge: 54 ans

Études: Yves Lalumière est titulaire d'un baccalauréat en administration des affaires, concentration tourisme, de l'Université du Québec à Montréal.

PDG depuis: août 2013

Nombre d'employés: 70

Avant d'être PDG: il était président de Transat Distribution Canada, où il a occupé différents postes de direction. Il a travaillé pour American Express pendant 20 ans, dans le domaine des voyages d'affaires, des négociations d'ententes aériennes et du compte du gouvernement du Canada.