Depuis son arrivée en Bourse au printemps 2014, Lumenpulse profite d'une crédibilité et d'un rayonnement indiscutables, selon Yvon Roy, vice-président des relations avec les investisseurs de l'entreprise montréalaise spécialisée dans l'éclairage à DEL de haute performance.

«Les gens sont conscients que ça prend une certaine rigueur pour être en Bourse, dit le porte-parole de l'entreprise dont le taux de vente annualisé tourne autour de 120 millions. Notre posture nous aide à financer nos projets et à faire ce dont nous avons envie. Les portes s'ouvrent plus facilement à l'étranger. Et il y a une aura particulière autour d'une société publique. Elle nous permet d'attirer les talents à l'échelle mondiale et nous pouvons rémunérer certains dirigeants clés avec des régimes ou des plans d'options.»

Rendement et charge de travail

Il n'y a pourtant pas que des avantages à être coté en Bourse, raconte Karine*, une conseillère en ressources humaines dans une firme publique depuis plus de 15 ans qui désire garder l'anonymat. «Aucune entreprise ne veut voir le cours de son action diminuer, car ces baisses coûtent cher en termes de liquidités et de réputation, souligne-t-elle. Comme la compagnie veut absolument offrir un bon rendement à ses actionnaires, ça se traduit souvent par une charge de travail plus importante.

«Éventuellement, ce stress sur la main-d'oeuvre ouvre la porte à une augmentation des invalidités de courte et de longue durées, en plus de taux de roulement plus élevés. Tout cela coûte cher aux entreprises. Parfois, on a l'impression que l'organisation choisit entre le bonheur de ses actionnaires et celui de ses employés. Et ce sont souvent les actionnaires qui l'emportent...»

Lorsque questionné sur la tendance à faire plus avec moins afin de plaire aux actionnaires, Yvon Roy préfère nuancer. «Gérer, c'est prendre des décisions en fonction de ressources limitées tous les jours. Ce n'est pas parce qu'on est en Bourse ou que nos liquidités sont plus grandes qu'avant qu'on doive gérer autrement. C'est simplement de la bonne gestion de faire plus avec moins.»

La spécialiste en ressources humaines fait pourtant face à la détresse de plusieurs de ses collègues. «J'écoute régulièrement les gestionnaires qui se plaignent de manquer de ressources, lorsqu'ils sont obligés de ne pas remplacer des collaborateurs qui démissionnent, et les employés qui sont essoufflés par la charge de travail qui augmente. Je pense que de toujours prioriser les actionnaires pour leur plaire à court terme peut avoir des répercussions très grandes sur la pérennité d'une entreprise à moyen terme.»

Yvon Roy est en partie d'accord sur ce point. «Le danger en Bourse est de prendre des décisions à court terme pour plaire au marché, étant donné que les sociétés publiques sont évaluées d'un trimestre à l'autre. Certains dirigeants choisissent de ne pas investir dans une idée ou dans un nouvel employé qui pourrait rapporter à long terme afin ne pas nuire aux résultats du prochain trimestre. Chez Lumenpulse, au contraire, on préfère engager des employés clés dans l'organisation plus tôt que tard dans un cycle, afin d'assurer une certaine pérennité. On fait des investissements qui vont nous positionner avantageusement sur plusieurs années.»

Par contre, il ne sent pas que la présence de l'entreprise en Bourse change les exigences internes pour obtenir un bon rendement. «À la base, on gère nos affaires pour le mieux de la société, en fonction de notre plan de développement de produits, et non pour plaire aux actionnaires à tout prix, affirme-t-il. De plus, nos pratiques répondent à un grand souci de transparence, ce qui n'est pas nécessairement le cas dans une société privée. Inévitablement, notre structure de gouvernance prend du galon et nous oblige à grandir pour le mieux.»

* Prénom fictif