On peut penser que lorsqu'on se paye un chasseur de têtes, on lui donne un mandat et il revient lorsqu'il a trouvé la perle rare pour combler le besoin. Toutefois, pour arriver à des résultats optimaux, la meilleure stratégie demeure le travail d'équipe.

Lorsque Robert Racine, recruteur de cadres et associé fondateur chez Kenniff&Racine, reçoit un mandat d'un client, il lui présente un processus de travail étalé sur plusieurs semaines. Il se rendra dans l'entreprise pour en saisir la culture et il organisera des rencontres avec les équipes qui travailleront avec le cadre. Il aura besoin d'une description détaillée du poste à pourvoir et des compétences à maîtriser par les candidats. Plus il arrivera à bien comprendre les besoins de son client, plus ses chances de trouver la bonne personne pour le poste seront grandes.

Chez Montréal International, Valérie Vézina, directrice des ressources humaines, réalise de 90 à 95% des embauches elle-même pour l'organisation d'une cinquantaine d'employés, mais elle fait appel à un chasseur de têtes à l'occasion. Ce fut le cas, bien sûr, pour recruter sa patronne Dominique Anglade comme présidente-directrice générale. Mais elle utilise aussi leurs services pour combler des besoins précis.

«Faire appel à un chasseur de têtes demande tout de même qu'on investisse du temps dans le processus d'embauche, affirme Valérie Vézina. De toute façon, cela va de soi, puisque comme directrice des ressources humaines, je demeure la personne responsable de l'embauche envers mes collègues. Je dois faire en sorte que le processus soit couronné de succès.»

Avant d'opter pour une firme de chasseurs de têtes, elle prend d'ailleurs le temps d'analyser sa réputation, ses principaux secteurs d'activité, ses précédents mandats et son professionnalisme. «Le recruteur devient une extension de Montréal International, alors le choix est important», précise-t-elle.

La force du réseau

Aux yeux de la directrice des ressources humaines de Montréal International, le grand avantage du chasseur de têtes se trouve dans son réseau.

«Je me rappelle une fois où le chasseur de têtes m'a permis d'embaucher un candidat auquel je n'aurais pas eu accès autrement, puisqu'il n'était pas en recherche d'emploi active, raconte Mme Vézina. Les chasseurs de têtes ont un réseau et une indépendance d'agir lorsque vient le temps d'approcher une personne en poste dans une autre organisation.»

«Pour chaque mandat, notre équipe entre en contact avec plusieurs personnes, parfois jusqu'à 150 ou 200, indique Robert Racine. Nous soignons toujours nos relations, puisque nous ne savons jamais lorsqu'un poste se libérera.»

Un chasseur de têtes efficace connaît habituellement différents secteurs d'activité et divers types d'organisations pour être en mesure de proposer des candidatures pertinentes.

«Pour chercher des candidatures, nous établissons des cibles prioritaires, indique M. Racine. C'est évident que l'industrie dans laquelle évolue notre client est une cible, mais souvent, d'autres secteurs d'activité peuvent aussi nous fournir de bons candidats puisqu'ils ont des enjeux semblables.»

Le client peut donc bénéficier de cette vision élargie.

«Une plus-value d'un bon chasseur de têtes est justement d'apporter ce regard extérieur alors que nous avons souvent le nez collé sur notre réalité, explique Valérie Vézina. Il peut nous amener de nouvelles perspectives, nous faire envisager des candidats dans des créneaux différents, ou nous faire prendre conscience de nouveaux enjeux.»

Le choix final et la garantie

Pour Robert Racine, il est important d'assister aux rencontres du comité de sélection.

«Je veux toujours m'assurer que le candidat que j'ai rencontré individuellement se présentera sous le même jour au comité, indique-t-il. Si ce n'est pas le cas, il y a quelque chose qui cloche.»

Après tout, les services d'un chasseur de têtes sont généralement garantis.

«Si, finalement, un candidat ne satisfait pas aux exigences du poste, nous refaisons le mandat, indique M. Racine. Chez nous, la garantie est d'un minimum de 12 mois.»

Pour réduire les risques au maximum, le candidat doit accepter de se faire analyser sous toutes ses coutures.

«Nous faisons vérifier les diplômes, les antécédents judiciaires et le crédit, précise M. Racine. Nous demandons aussi des références auprès de patrons, de collègues, d'employés et de gens à l'externe.»

Est-ce qu'un chasseur de têtes se permet de donner son avis sur le choix du candidat?

«On ne décidera jamais pour le client, mais on l'aide à réfléchir par rapport aux besoins mentionnés au début du mandat, indique M. Racine. On l'aide à gérer son risque d'embauche. De toute façon, normalement, dans la courte liste de candidats présentés au client, tous feraient très bien le travail. À cette étape, c'est souvent une question d'atomes crochus.»