La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Martin Carrier, vice-président et chef du studio de Jeux WB Montréal, répond aujourd'hui aux questions de Stéphan Crétier, président fondateur et chef de la direction de Garda.

L'industrie semble assister à une vaste campagne contre le préachat de jeux vidéo. Quel est l'impact pour les grands studios comme WB?

D'abord, on pourrait dire que ce n'est pas tout le préachat qui va mal. Je pense néanmoins que ça démontre que notre industrie est très dynamique. Il faut être à l'affût des nouveautés, de l'évolution des choses. Il y a toujours de nouvelles tendances, il faut donc être proactif. De notre côté, nous croyons encore que le préachat fonctionne. Nous incitions les joueurs à se procurer nos jeux à l'avance en leur offrant du contenu exclusif.

Comment réussissez-vous à cultiver la créativité chez vos employés?

La question me permet de ressortir une de mes phrases fétiches: «La créativité, c'est un sport de contact.» Il faut un échange, un choc d'idées pour que ça fonctionne. C'est un échange qu'il faut toutefois accompagner. La créativité de nos employés vient en partie de notre lieu de travail, où il fait bon travailler. Il n'y a pas de bureaux fermés, les aires ouvertes favorisent les conversations et le partage d'idées.

L'emplacement de nos bureaux est aussi bon pour la créativité. Le studio est situé sur le boulevard De Maisonneuve, près de l'UQAM et du parc Émilie-Gamelin, à l'intersection de Gotham et Metropolis, comme je le dis parfois. L'endroit n'a pas été choisi au hasard. On se nourrit de ce quartier en ébullition, et cette urbanité nous stimule.

Dans un univers où on assiste à la multiplication des petits studios, comment réussissez-vous à vous démarquer de la concurrence?

Je suis président de l'Alliance numérique, alors je vois l'émergence des petits studios comme une des meilleures nouvelles depuis... l'ouverture de notre studio à Montréal! C'est un signe positif pour l'industrie du jeu au Québec. Ça amène de la compétitivité dans notre milieu et c'est une bonne chose. Ça nous force aussi à nous démarquer.

On a la chance, à WB, de travailler sur de grandes marques, sur des jeux de superhéros. On offre aussi des cours de yoga et de méditation (qui sont plus populaires qu'on pourrait le penser), en plus de l'équipe de hockey traditionnelle.

Pensez-vous que le modèle de jeu freemium (ou semi-payant) représente l'avenir de votre industrie?

Je crois plutôt que c'est un modèle complémentaire. Ça démontre encore une fois que notre industrie évolue, tant du côté des consoles que des jeux offerts en ligne ou sur tablette. D'ailleurs, il n'y a jamais eu autant de joueurs. Les jeux mobiles ouvrent le marché, nous permettent de rejoindre un plus grand public. Sans nécessairement représenter l'avenir, c'est une avenue de plus.

Jouez-vous à des jeux vidéo, et si oui, lesquels?

Oui, je joue à des jeux vidéo, et ce, depuis longtemps! J'avais un Super Nintendo quand j'étais petit et j'ai aujourd'hui une mini-arcade Pac-Man sur mon bureau. Mon expérience a changé par contre, maintenant que je suis père de trois enfants. Je joue surtout avec eux, notamment à Skylander et aux jeux Lego. J'ai aussi la chance d'essayer les jeux du studio, comme le dernier Lord of the Rings, Middle-Earth - Shadow of Mordor, sorti en 2014.

Le parcours de Martin Carrier en bref

> Âge: 45 ans

> Études: Martin Carrier est diplômé en sciences politiques de l'Université Bishop's. Il suit présentement un programme de MBA à l'Université McGill.

> Chef du studio depuis: 2010

> Nombre d'employés: 500

> Avant d'être à la tête de Jeux WB Montréal: Il a été le président et fondateur d'O&O Montréal, une entreprise de développement de projets internationaux dans l'industrie de la haute technologie. Il a également été vice-président, marketing et communications, à Bluestreak Technologie et vice-président, communications et affaires corporatives, d'Ubisoft Montréal.