Un poste sur cinq n'est pas pourvu. Mais il y a de la lumière au bout du tunnel: pour la première fois en 15 ans, le manque de pharmaciens dans le réseau public se résorbe un tantinet.

Le réseau public manque cruellement de pharmaciens. Selon l'enquête 2014 de l'Association des pharmaciens des établissements de santé (APES), un poste sur cinq n'est toujours pas pourvu. Le taux de pénurie est d'environ 20%, un léger recul comparativement à 2013, où c'était un peu moins de 23%. C'est une première en 15 ans. François Paradis, président de l'APES, se dit encouragé, mais ne tient rien pour acquis. «Il y a encore loin de la coupe aux lèvres», laisse-t-il tomber en entrevue.

Il y a d'abord la question de la rémunération. Pendant longtemps, les pharmaciens exerçant dans le privé gagnaient 30% de plus que leurs confrères des établissements de santé. «Nous avons fait du rattrapage: aujourd'hui, un pharmacien qui a cinq ans d'ancienneté dans le public a un salaire équivalent à celui des pharmaciens d'officine, indique M. Paradis. Mais il faut maintenir ces conditions.»

Puis, il y a la formation. Bien que la loi ne l'oblige pas, les pharmaciens qui se dirigent vers le milieu hospitalier sont fortement invités à faire une maîtrise en pharmacothérapie avancée. Ce sont 16 mois d'études supplémentaires. Chaque année, l'Université de Montréal et l'Université Laval offrent en tout 70 places dans ce programme. Les cohortes de 2013 et 2014 ont affiché complet. Du jamais vu, selon l'APES. Les étudiants admis à la maîtrise bénéficient d'une bourse de 40 000$ attribuée par le ministère de la Santé et des Services sociaux. L'APES souhaite augmenter le nombre de bourses à 85, afin d'accélérer la résorption de la pénurie.

La pharmacie mène à tout... ou presque!

Du côté du privé, le nombre de pharmaciens semble suffire à la demande dans les grands centres. «Nos initiatives portent leurs fruits: nous avons augmenté le nombre de places dans les facultés de pharmacie et avons mis en place un programme d'appoint pour les pharmaciens étrangers», explique Bertrand Bolduc, président de l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). Il précise toutefois qu'il y a encore pénurie en région.

Si les pharmacies communautaires et les établissements de santé sont les deux milieux de pratique les plus populaires, il reste que la pharmacie ouvre bien d'autres portes. On retrouve des pharmaciens dans l'industrie pharmaceutique, dans les universités, au gouvernement, dans les agences de publicité, dans les compagnies d'assurances, dans les cabinets d'avocats... «La pharmacie mène à tout, il suffit d'en sortir un peu», remarque M. Bolduc.

Besoin d'assistants techniques

Dans leur pratique, les pharmaciens sont épaulés par des assistants techniques dont le milieu a grand besoin, que ce soit dans le public ou le privé. Leur rôle évolue à toute vitesse, si bien que l'OPQ est en discussion avec le gouvernement pour créer un diplôme technique en assistance technique en pharmacie. Pour le moment, aucune formation précise n'est requise. «C'est un gros dossier pour nous», confirme le président de l'Ordre.

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L'INDUSTRIE EN CHIFFRES

8673

Nombre de pharmaciens au Québec

65,6%

Pourcentage de femmes

4160

Nombre de personnes qui travaillent dans des pharmacies communautaires à titre de salariés

1977

Nombre de propriétaires de pharmacie

1550

Nombre de ceux et celles qui pratiquent dans les établissements de santé

274

Nombre de ceux et celles qui font de la suppléance aux quatre coins de la province

2381

Nombre de ceux et celles qui exercent dans la région de Montréal

462

Nombre de nouveaux permis d'exercice délivrés en 2013-2014