Les nouveaux outils technologiques n'ont pas sonné le glas de la profession de traducteur. En raison des besoins toujours plus grands en information, la demande pour les traducteurs demeure élevée et les perspectives d'emploi sont bonnes dans la province.

Avec moins de 0,5% de la population de la planète, le Canada détient 10% du marché mondial de la traduction professionnelle. La majorité des contrats s'effectuent d'ailleurs au Québec. «Il y a eu une grande demande dans les 10 dernières années. Selon le Bureau de la traduction, qui emploie le plus grand nombre de traducteurs au pays, la croissance est encore importante», relate Joachim Lépine, traducteur agréé et chargé de cours à l'Université de Sherbrooke.

M. Lépine croit que la moyenne d'âge très élevée dans la profession est une bonne nouvelle pour les étudiants. «Nous aurons besoin de sang neuf pour combler les départs à la retraite», dit-il.

Monique C. Cormier, professeure titulaire et directrice du département de linguistique et de traduction à l'Université de Montréal, estime aussi que les perspectives d'emploi sont favorables. Elle constate toutefois un écart entre le salaire des bacheliers et celui des diplômés du deuxième cycle. «Ceux qui détiennent un baccalauréat gagnent en moyenne 811$ par semaine, tandis que les titulaires d'une maîtrise ou d'un doctorat reçoivent en moyenne 1014$ par semaine», remarque-t-elle.

Plusieurs débouchés

Après leurs études, les diplômés peuvent évidemment devenir traducteurs, mais ils peuvent également se tourner vers la révision, la rédaction, la terminologie, le doublage et le sous-titrage.

«Soixante pour cent des traducteurs sont à leur compte, souligne Réal Paquette, président de l'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ). Ils peuvent aussi travailler en cabinet, au sein d'un service linguistique dans une grande entreprise ou pour le gouvernement fédéral.»

Au Québec, le baccalauréat en traduction, décerné par sept universités de la province, permet d'accéder au titre de l'Ordre. En plus du diplôme, les traducteurs doivent faire le programme de mentorat (ou posséder deux ans d'expérience). Il n'est toutefois pas obligatoire d'être membre de l'OTTIAQ pour exercer le métier.

«Il est précieux de se spécialiser, d'avoir, par exemple, un baccalauréat en droit, dit de son côté M. Lépine. Avoir un domaine d'expertise aide beaucoup lorsqu'on est à son compte.»

Monique C. Cormier croit d'ailleurs que les secteurs financier et bancaire, le commerce de détail et les cabinets de traduction sont particulièrement dynamiques et ont besoin de traducteurs.

Le profil de l'emploi

Un traducteur habile doit maîtriser sa langue maternelle et ses subtilités sur le bout des doigts. «En plus de sa première langue, il doit aussi posséder une connaissance approfondie de la langue de départ, généralement l'anglais», souligne Mme Cormier.

Bien maîtriser les langues n'est toutefois pas suffisant: il faut aussi savoir les manier. Les employeurs recherchent de belles plumes, des individus qui ont du style.

«Dans ce métier, on doit être curieux et se tenir à jour, estime pour sa part Joachim Lépine. Un traducteur qui exerce en finance doit, par exemple, être à l'affût des nouveautés dans son secteur et maintenir son vocabulaire à jour.»

Comme il est souvent le dernier à intervenir, après la rédaction et la révision, celui-ci doit pouvoir travailler sous pression et être efficace. Une certaine souplesse est aussi de mise. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la traduction n'est pas un travail solitaire. En plus des réviseurs, les traducteurs doivent collaborer avec les clients et les auteurs.

Les candidats qui ont séjourné à l'étranger, qui possèdent une bonne culture générale et de l'expérience en grande entreprise sont particulièrement prisés.

Nombre de programmes universitaires reconnus par l'OTTIAQ au Québec: Concordia, Université de Montréal, McGill, Sherbrooke, UQTR, Laval et UQO.