Au début de l'année scolaire, plusieurs enseignants utilisent leur ancienneté pour «prendre» le poste d'un collègue dans une nouvelle école. Craignant d'affronter un milieu hostile dès leur arrivée, certains d'entre eux vivent l'angoisse des premiers jours d'un nouvel emploi comme jamais auparavant.

«Leurs nouveaux collègues comprennent objectivement qu'ils ont droit au travail, mais émotivement, certains verront leur venue comme une injustice, explique Josée Jacques, psychologue spécialisée en relations interpersonnelles au travail. Dans un contexte semblable, un candidat à l'interne qui n'a pas obtenu un poste convoité ne voudra probablement pas voir la personne qui a été choisie ni recevoir ses consignes.»

Dans ce genre de situation, elle suggère de mettre cartes sur table rapidement pour éviter les conflits. «Le nouvel employé peut aller voir l'autre et lui exprimer qu'il vit un malaise, qu'il comprend sa déception, mais qu'il aimerait installer une relation de travail positive», conseille Josée Jacques.

Cette problématique s'ajoute au défi de tous les nouveaux travailleurs: faire une bonne première impression. «Quand un nouveau arrive, tous les yeux sont braqués sur lui, souligne la psychologue. Le milieu analyse sa tenue, ses paroles ou son attitude en réunion. Quelqu'un de très compétent, mais qui a l'air bête ou archi-inquiet ne fera pas bonne impression. Tout comme celui qui semble gentil, mais qui ne sait pas démontrer ses assises professionnelles. La première impression laisse une trace permanente, qui peut être très difficile à corriger ensuite», estime Mme Jacques.

Les débuts sont déterminants

Comme les trois premiers mois d'un nouveau travail sont parfois perçus comme la prolongation de l'entretien d'embauche, les débuts sont déterminants. L'intégration d'un nouveau membre dans une équipe doit se faire graduellement, naturellement.

«Au départ, on doit observer la personnalité des collègues, la division des tâches et les rituels du bureau, sans prendre trop de place, explique la psychologue. Il faut être à l'écoute, s'informer, éviter de trop contredire ou d'arriver comme un bulldozer en chambardant tout ce qui se faisait auparavant. Une fois qu'on a créé une alliance avec le milieu, on peut apporter des changements tranquillement.»

À propos des alliances, les nouveaux employés doivent tout de même rester prudents. Si vous envisagez de vous lier d'amitié avec un vétéran afin de bien comprendre le modusoperandi d'une organisation, votre stratégie pourrait vous jouer des tours. «Ce n'est pas parce que quelqu'un travaille au même endroit depuis longtemps qu'il a une connaissance juste de la situation ou qu'il n'est pas pris dans des enjeux relationnels négatifs. La pire chose est de se lier à un leader négatif qui chiale depuis 20 ans sans rien changer et qui nous donne une mauvaise perception dès le départ», indique Josée Jacques.

Définir les attentes

En ce qui a trait aux tâches en elles-mêmes, il est important de définir les attentes en communiquant clairement sur les façons de faire, les délais et les résultats espérés - et ce, sans vouloir impressionner la galerie. «On aime les gens compétents et sympathiques, mais pas les téteux qui en font trop. Si on fait tout pour dépasser les attentes, on risque de s'épuiser ou de s'aliéner les collègues, puisque ceux-ci vont craindre que leur travail soit considéré comme insuffisant. Il faut d'abord adapter sa cadence à celle qui existe, avant d'envisager de l'augmenter un peu plus tard», conseille Mme Jacques.

Malgré le désir de vouloir bien faire, tout employé a droit à l'erreur, estime la psychologue. «Il faut éviter la pensée irrationnelle qui prétend que la perfection existe. Nous sommes humains et nous avons des tas de trucs à apprendre en même temps dans un nouvel emploi. Les erreurs sont normales. Si jamais elles se produisent, ça ne donne rien de se taper sur la tête. Il faut les reconnaître et les corriger.»