Le moment du choix de carrière est souvent stressant. Pour le jeune lui-même, mais aussi pour ses parents et ses proches soucieux de vouloir l'aider. La recherche démontre qu'il existe plusieurs profils de jeunes et pour chacun, il faut adapter son approche.

Marianne se dit qu'aujourd'hui, elle ne sait pas ce qu'elle veut faire dans la vie, mais qu'un jour, il se passera quelque chose et elle le saura. Procrastination, quand tu nous tiens! Elle est tout le contraire de Léonard. Il sait depuis qu'il est enfant ce qu'il veut faire dans la vie. Il sait aussi qu'il a les notes pour atteindre son objectif et consulte différents sites internet pour trouver les réponses à ses interrogations. Justine aimerait bien être aussi sûre d'elle, mais elle est tiraillée entre plusieurs professions. Elle a peur de se tromper. Logan est pour sa part intéressé par tout et rien à la fois. Il lui manque de l'information pour faire un choix éclairé.

Chaque jeune a sa façon de réagir à la pression du choix de carrière. Louis Cournoyer, professeur et directeur des programmes d'études en développement de carrière à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), distingue toutefois quatre catégories. C'était lors d'une recherche réalisée récemment avec sa collègue Lise Lachance. En collaboration avec le Collège Montmorency et la Conférence régionale des élus de Laval, ils ont questionné plus de 300 élèves de la quatrième et de la cinquième secondaire de la Commission scolaire de Laval.

Les mystiques

Marianne entre dans la catégorie des mystiques. Face à ce profil, il faut intervenir avec doigté et avoir du temps devant soi.

«Ils sont philosophes en herbe, affirme Louis Cournoyer, également conseiller d'orientation en pratique privée chez CoachPlus. Ils sont souvent très intelligents et sortent des sentiers battus. Plusieurs sont faiblement investis dans leur démarche d'orientation, ou ils fuient et vivent différents conflits. Il ne faut pas les brusquer, mais s'intéresser à leur façon de penser, devenir complice, les questionner sur les moyens qui leur permettront de se réaliser. Souvent, ce sera par des projets plus larges que seulement professionnels.»

Les égarés

Comme Logan, les égarés ont souvent besoin de partir du début: explorer les professions, faire des catégories, etc.

«Ils sont perdus, ils ne savent pas quoi faire ni comment le faire ni pourquoi, mais ils veulent, alors c'est un bon départ et il faut miser là-dessus», indique Louis Cournoyer qui a donné une grande conférence lors du Congrès international 2014 en orientation et développement de carrière tenu en juin à Québec.

Un point à regarder: le niveau d'information. «Le jeune égaré manque souvent d'information sur les professions, mais aussi sur le processus de prise de décision et sur lui-même», précise le chercheur.

Les hésitants

Justine et ses amis hésitants balancent entre plusieurs choix de carrière, mais ils sont avancés dans leur démarche d'orientation professionnelle.

«Ils sont sur les derniers milles de leur processus, mais ils ont tout d'un coup l'impression d'être perdus, indique M. Cournoyer. Il faut revenir aux éléments qui les ont amenés à faire ces choix pour dégager les valeurs les plus importantes. Il faut aussi regarder leur niveau d'information. Il peut être assez élevé sur les professions, mais il peut arriver que le jeune ne se connaisse pas suffisamment pour bien traiter l'information, alors il ne fera que l'accumuler.»

Les préparés

On pourrait penser qu'avec les préparés comme Léonard, tout est réglé. C'est vrai qu'ils sont bien outillés pour faire leur choix, mais il faut s'assurer que ce n'est pas qu'une façade.

«Il faut amener le jeune à parler de son projet, voir s'il lui reste certains éléments à approfondir, ou si certains éléments sont contradictoires dans sa démarche, explique le professeur. Une fois que c'est fait, on peut aussi passer de l'information écrite à la rencontre avec une personne qui exerce le métier.»

Face à un noeud?

Bien des parents peuvent accompagner leur adolescent dans leur processus d'orientation en se montrant disponibles et intéressés à ce que vit leur jeune.

«Toutefois, lorsqu'on se retrouve devant un noeud, par exemple lorsque le jeune se promène constamment entre deux options contradictoires, la compétence d'un conseiller d'orientation aidera à sortir de l'impasse, explique Louis Cournoyer. C'est normal de vivre du stress dans le processus de décision, mais il faut éviter de passer du côté de l'anxiété où le jeune s'immobilisera.»

Pour rencontrer le conseiller d'orientation d'une école secondaire, la rentrée est un bon moment.

«Il n'y a rien de plus choquant pour un conseiller d'orientation que de recevoir dans son bureau un jeune complètement égaré le 15 février, affirme Louis Cournoyer, alors qu'il doit faire un choix pour le 1er mars!»