Les syndiqués municipaux et leurs dirigeants font beaucoup parler d'eux ces temps-ci. Au Québec, près de deux travailleurs sur cinq sont syndiqués, l'un des plus hauts taux au pays. Parmi eux, quelques-uns s'engagent davantage et se font élire à différents postes. Est-ce pour vous?

Christiane Bellavance trouvait naturel de participer à ses assemblées syndicales. «Je voulais savoir ce qui se passait, c'était important pour moi de comprendre», raconte la fonctionnaire de la Régie des rentes du Québec. Son assiduité a attiré l'attention. En 2008, ses collègues lui ont demandé de devenir déléguée, et elle a accepté.

Comme elle, Julie Quévillon-Mantha a été choisie par ses collègues d'une librairie Renaud-Bray pour les représenter à l'exécutif syndical et auprès de l'employeur. «À une époque où tout le monde doit faire plus avec moins, le syndicat aide à protéger le peu qu'on peut avoir», croit-elle.

Selon elles, l'amour des gens, l'empathie, la discrétion et de bonnes aptitudes en communication sont des qualités essentielles pour bien faire ce travail. «Il ne faut pas juste être un militant, il faut être un psychologue, un travailleur social, un organisateur communautaire. Ça prend une dose de courage, de patience et d'engagement. Bref, il faut y croire», ajoute Jacques Létourneau, président de la CSN.

La majorité des gens s'engagent dans leur syndicat pour améliorer les conditions de travail et obtenir plus d'équité. Plus rarement, certains le font pour sauver leur peau quand ils ont des problèmes au boulot. «Ceux-là ne font jamais long feu», constate Ruth Harvey, conseillère en relations industrielles agréée qui a oeuvré pour une centrale syndicale avant d'être au service des employeurs.

Une tâche importante

L'ampleur de la tâche des représentants syndicaux fluctue selon leurs responsabilités et les besoins du moment. «J'informe les gens sur leurs droits et leurs recours, explique Mme Bellavance. Je les aide à préparer leurs dossiers lorsqu'ils ont un problème. Je dois parfois faire des recherches pour m'assurer d'être précise. C'est important, les gens ont confiance en nous.»

En période de conflit de travail, cela peut devenir très exigeant. Mme Quévillon-Mantha l'a vécu il y a moins d'un an. Avec ses collègues, elle a passé de longues heures à négocier avec l'employeur, à expliquer la situation aux membres et à les rassurer. Une tâche difficile alors qu'elle-même s'inquiétait des impacts de la grève sur son budget.

Parfois, les représentants syndicaux peuvent être libérés du travail pour de courtes périodes ou recevoir un dédommagement. Mme Bellavance, par exemple, obtient 27 $ par mois. «On ne fait pas ça pour l'argent», lance-t-elle en riant. Le plus souvent, ce boulot est bénévole et effectué hors des heures de travail.

Impact sur la carrière

Les ambitieux devraient-ils s'abstenir? «Je crains que mon engagement syndical ne ralentisse ma progression dans l'entreprise, confie Mme Quévillon-Mantha. Malheureusement, les patrons ne voient pas toujours les qualités qu'on peut développer à travers cette expérience.»

En effet, certains employeurs peuvent voir la situation d'un mauvais oeil, peut-être à tort. «Les représentants syndicaux sont souvent des leaders naturels et ils sont capables de travailler au plan de la relation avec leurs collègues, note Mme Harvey. Ce sont des qualités recherchées pour des postes de gestionnaire.» Selon elle, l'engagement syndical est donc aussi souvent perçu comme un atout.

«Les relations de travail ont beaucoup évolué au Québec, confirme M. Létourneau. Les patrons en ont une conception différente, ils sont plus éduqués. Si on est un bon représentant syndical, responsable et capable de discuter, l'employeur va aimer avoir une bonne tête devant lui.»