Votre retraite est prévue d'ici cinq ans et vous cherchez un poste avec moins de responsabilités et moins d'heures de travail que votre emploi actuel. Faites attention, vous pourriez effrayer les recruteurs avec votre imposant parcours professionnel.

Après 10, 20 ou 30 ans à exercer le même type de travail, il peut être difficile de se défaire d'une étiquette. «C'est un défi aussi complexe que de trouver un premier emploi à un jeune non initié au marché du travail ou de placer un nouvel arrivant, qui doit pratiquement recommencer son parcours scolaire, souligne Matthieu Degenève, conseiller en ressources humaines. Ce n'est pas évident d'exprimer dans un C.V. son désir d'avoir moins de responsabilités. Ça exige un bon travail de positionnement.»

Pour ce faire, les professionnels qui se relancent dans un processus d'embauche après des années doivent casser certains paradigmes. «Plusieurs personnes conçoivent le C.V. comme un bilan professionnel qui permet de suivre le parcours d'une personne étape par étape. En réalité, il s'agit d'un outil marketing, dont l'objectif est seulement d'avoir une entrevue.»

Effets de la surqualification

Premier élément à prendre en considération: les effets pernicieux de votre surqualification. «Face à un candidat qui possède un surplus d'expérience, les recruteurs imaginent souvent que la personne ne cadre pas avec le poste ou qu'elle exigera un salaire trop élevé», explique M. Degenève.Ainsi, il est parfois préférable de taire certaines réalisations impressionnantes à l'étape du C.V.. «Évidemment, on ne doit pas retirer la mention de son travail des 20 dernières années. Mais on peut l'inclure dans une section «autre expérience».

Les chercheurs d'emplois doivent présenter leurs conclusions sur où ils sont rendus et ce qu'ils peuvent apporter avec leurs acquis. Le but est d'illustrer l'avenir et non le passé. Ils pourront toujours mettre en contexte leurs réalisations majeures durant l'entrevue.»

Bien entendu, vos accomplissements ne sont pas toujours perçus comme des obstacles. Si vous mettez en lumière les bons éléments de votre carrière et que vous soulignez les compétences transférables dans un autre secteur d'activité, vous pourriez vous démarquer favorablement. «Ça peut être rassurant pour un employeur d'avoir dans son équipe une personne avec plusieurs réussites à son actif. La maturité des travailleurs plus expérimentés est palpable dès les débuts dans un nouvel emploi. Ils ont souvent une meilleure habileté à gérer le stress, à faire des suivis et à garder le contrôle dans certaines situations.»

Plus fidèles

Le spécialiste en ressources humaines ajoute que les candidats dans la soixantaine sont généralement plus fidèles que ceux de la génération Y, eux qui restent rarement plus de trois ans au même emploi.

«De nombreux employeurs s'imaginent à tort que les jeunes vont demeurer plus longtemps dans une organisation en raison de leur âge. Mais quand on analyse en profondeur, on réalise que les travailleurs à première vue surqualifiés peuvent offrir une meilleure rétention à long terme. Comme il leur reste quelques années avant la retraite et que c'est plus difficile de trouver un emploi à leur âge, ils changent moins souvent de travail.»

Dans tous les cas, le C.V. n'est pas l'outil idéal pour exprimer votre désir d'avoir moins de responsabilités, un horaire allégé et un salaire plus petit qu'avant. «C'est préférable d'en parler lors de l'entrevue téléphonique, affirme Matthieu Degenève. Nos besoins personnels spécifiques doivent être exprimés tôt dans le processus, mais pas dans le C.V. ni dans la lettre de présentation. Ces deux outils servent surtout à expliquer ce qu'on peut apporter à l'employeur, puisque celui-ci ne nous connaît pas encore. Une fois qu'il est vendu à une candidature, c'est plus simple de lui dire ce que l'on veut.»