Au cours des dernières années, vous avez acquis une certaine aisance à prendre parole devant un petit groupe, à force de mener vos réunions d'équipe. Témoin de cette éloquence, votre patron vous demande de donner une conférence devant un auditoire de 200 personnes.

Instinctivement, vous sentez que vos repères viennent de disparaître. Et vous avez raison.

Peu importe le nombre de personnes à qui vous vous adressez, votre message doit être clair, simple, précis et livré avec le plus de chaleur possible. Mais au-delà de ces caractéristiques fondamentales, vous devez vous ajuster au lieu où vous prenez parole.

Dans un vaste auditorium, assurez-vous du fonctionnement de votre micro, ajustez-le à la hauteur de votre tête et vérifiez s'il s'agit d'un micro-cravate, unidirectionnel ou omnidirectionnel. Si toutes ces formalités vous rebutent, pensez-y à deux fois avant de mettre de côté ce précieux outil.

«Quand on se prive du micro, on prend le risque d'être mal entendu et incompris, souligne Louise-Véronique Sicotte, formatrice en communication orale à la formation continue de l'UQAM. C'est certain qu'on peut vérifier auprès des gens dans la dernière rangée s'ils nous entendent bien sans micro, afin de bien moduler le volume de sa voix. Mais on court le risque d'épuiser son organe vocal avec le temps.»

En effet, le commun des mortels n'a pas l'habitude de parler fort sur une longue période. Contrairement aux comédiens de théâtre, qui ont développé la résonance de leurs cordes vocales, leurs capacités pulmonaires, leur respiration et la pose de leur voix. Voilà pourquoi les micros sont nécessaires.

Mais là ne s'arrêtent pas les ajustements. Lorsque vous êtes appelé à parler longtemps, vous devez prendre des pauses. «Les temps d'arrêt vous permettent de voir comment le public réagit, de mettre en lumière certains éléments et de passer d'une idée à l'autre plus doucement. Vous pouvez profiter de ces pauses pour demander aux gens si vous allez trop vite et si vous êtes clair, comme un professeur le demande à ses élèves.»

Yeux dans les yeux

Il est également primordial d'établir un contact visuel avec l'auditoire. «Le regard est l'outil le plus puissant de la communication, affirme Mme Sicotte. Les orateurs évitent trop souvent de regarder les gens, car ils sont convaincus d'y voir des critiques ou des attitudes fermées. Ils craignent aussi de perdre le fil de leurs idées.»

Il existe pourtant des trucs. «Devant un large auditoire, faites un balayage visuel de droite à gauche, de manière naturelle, avec de légères pauses, pour que tout le monde se sente interpellé. Vous pouvez aussi reproduire un triangle imaginaire: regardez une portion du groupe à gauche, puis au fond vers le centre, et à droite.»

Rappelez-vous aussi qu'il y a toujours quelqu'un dans la salle pour opiner du bonnet et montrer de l'intérêt pour ce que vous racontez. «On peut s'y référer pour se donner confiance.»

Afin d'avoir le regard disponible, songez à préparer des cartons sans trop les charger. «L'introduction et la conclusion peuvent être écrites, affirme la formatrice. Pour le reste, les mots clés suffisent, si on connaît bien son sujet. Ça rend la présentation plus naturelle.»

Respirer et regarder les gens

Si vous devez absolument lire un texte, le contact visuel avec l'auditoire n'en est pas moins nécessaire.

«Je suggère de prévoir des pauses dans les marges pour respirer et regarder les gens. On peut également souligner les mots importants pour mettre en relief certaines informations et mettre de la vie. S'il n'y a aucune touche personnelle à votre élocution, c'est comme si les gens lisaient eux-mêmes votre texte.»