Chez Plongeon Québec, les employés ont des horaires décalés qui se chevauchent en moyenne six heures par jour. Puisqu'ils accumulent également des heures supplémentaires en prenant part à plusieurs réunions en soirée et à des compétitions sportives la fin de semaine, la direction leur permet de prendre congé, alors que le reste de l'équipe est en poste.

Les milieux de travail où tous les membres d'une équipe se retrouvent au bureau de 9 h à 5 h ne sont plus aussi fréquents qu'avant. Pour Isabelle Cloutier, directrice exécutive de Plongeon Québec, les horaires fragmentés sont un moyen de garder ses troupes heureuses. « Je travaille avec deux employées de 23 et 25 ans, qui font partie d'une génération très axée sur l'épanouissement personnel. C'est important pour elles d'avoir une vie en dehors du travail, que ce soit pour la famille, les loisirs ou la formation académique. Si on n'est pas capable d'offrir de la flexibilité, ça ne pourra pas fonctionner. »

Une journée par semaine, Mme Cloutier demeure elle-même à la maison pour éviter deux heures de trafic et travailler dans un climat calme et efficace. À l'occasion, ses collègues peuvent aussi arriver et quitter plus tard, afin d'aller à un rendez-vous médical, de prévenir des problèmes reliés à la température ou de contourner la circulation.

« Ça peut leur éviter d'arriver en colère en raison du trafic et de perdre du temps, affirme-t-elle. En tant que mère, je remarque aussi que la souplesse d'horaire permet de mieux gérer la garderie qui ouvre tard ou qui ferme tôt.

« Si un horaire différent ou une période d'absence ne nuit pas au travail, et que la situation permet à l'employé de joindre les deux bouts, je n'ai aucun problème avec ça, ajoute-t-elle. Il ne faut pas oublier que nos horaires parfois décalés nous permettent d'offrir un service à la clientèle plus longtemps, souvent de 8 h à 17 h 30. »

De plus en plus populaires

Présents depuis quelques décennies, les horaires fragmentés sont de plus en plus populaires, selon Pierre Touchette, vice-président d'Optimum Talent, firme spécialisée en ressources humaines. « Non seulement les nouvelles générations poussent les employeurs à tendre vers ça, mais les besoins des organisations demandent de plus en plus ce type d'horaires. Les entreprises de service doivent s'adapter aux exigences de la clientèle : les épiciers ouvrent tard le soir, les magasins restent ouverts le week-end. Les quarts de travail s'adaptent à ces nouvelles réalités. »

Afin de bien gérer ces horaires atypiques, les gestionnaires doivent réorganiser leur façon de faire les suivis. « Ils peuvent déléguer certaines tâches en demandant à un collègue gestionnaire qui rentre plus tôt de guider leur équipe sur certains dossiers, suggère M. Touchette. Il doit également profiter de la plage horaire entre 11 h et 14 h, où la masse d'employés présents est généralement la plus grande, pour faire de brèves rencontres journalières. »

En plus d'être connectée au quotidien, l'équipe de Plongeon Québec tient une réunion hebdomadaire pour faire le point. « C'est notre temps de qualité au travail, souligne Isabelle Cloutier. On vérifie où sont rendus les dossiers, ce qui s'en vient et on prévoit nos absences. »

Avec le temps, une constance s'établit dans la flexibilité. « Quand les gens prennent l'habitude de rentrer à certaines heures, ils conservent la même formule, explique M. Touchette. En cas d'exception, il suffit d'informer le superviseur et le reste de l'équipe des changements d'horaire. Le gestionnaire ne doit pas tout prendre en charge. Par contre, il doit absolument être rigoureux dans sa gestion des horaires fragmentés. Ça prend quelqu'un qui planifie bien ses semaines et ses mois. »