Les Impatients organisent depuis plus de 20 ans des ateliers d'art pour les personnes atteintes de maladie mentale. Depuis quelques années, leurs services sont aussi offerts en région, où les besoins sont tout aussi criants. La Presse a profité de la semaine de la santé mentale, qui se tient du 5 au 11 mai, pour discuter avec l'organisme.

Les Impatients collaborent avec d'autres organismes depuis quelque temps déjà. «En 2009, à la demande de l'Institut Douglas, nous avons implanté des ateliers au Centre Wellington de Verdun. Nous mettons aussi beaucoup d'effort pour répondre aux besoins en région», explique Frédéric Palardy, le directeur général des Impatients.

En 2011, c'était au tour du CSSS Drummond, de concert avec la Maison des arts Desjardins, d'ouvrir ses portes aux Impatients de Drummondville. Le CSSS de la Haute-Yamaska a de son côté mené un projet-pilote à Granby en 2012, tandis que le CSSS Pierre-Boucher a fait appel aux Impatients cette année pour offrir des ateliers à l'Espace Création Dominique Payette, à Saint-Lambert.

Même si les initiatives viennent souvent des établissements de santé, l'organisme les associe à une galerie d'art ou un centre culturel. «Nous voulons offrir le plus bel espace possible aux participants, souligne M. Palardy. C'est une occasion pour eux de sortir de l'hôpital, de penser à autre chose.»

Briser l'isolement

Hella Derouin travaille à la Maison des arts Desjardins. Elle est responsable des ateliers à Drummondville depuis trois ans. Ses cours se donnent deux fois par semaine, le lundi et le mardi. Une dizaine de personnes sont au rendez-vous chaque fois.

«Les ateliers sont libres. La plupart optent pour la peinture, mais on touche parfois à d'autres médiums, comme la linogravure ou l'argile. Pendant deux heures, je suis là pour les aider, leur donner des idées, leur montrer la technique ou donner mon opinion sur leurs oeuvres», indique-t-elle. Ici, les questions sur la maladie sont évitées.

Pas besoin d'être un artiste pour participer aux ateliers. L'envie de créer est le seul préalable. Par contre, certains sont là depuis le début et il y a une grande amélioration dans leur travail, selon l'animatrice.

«Le fait de faire partie d'un groupe permet aux personnes atteintes de maladie mentale de briser l'isolement. On discute de plein de choses, on va fumer dehors ensemble, puis on mange en groupe après l'atelier. Si tu fais quelque chose qui te plaît et que tu réussis, c'est bon pour l'estime de soi. Être accepté par les autres et pouvoir parler de ses problèmes quand l'envie se fait sentir aident aussi», estime-t-elle.

Une opinion partagée par Frédéric Palardy. «Les Impatients démystifient ainsi la maladie mentale. L'atelier devient un lieu d'échanges entre les participants, leurs proches, l'équipe, les artistes et la communauté.»

Hella Derouin compare d'ailleurs ces rendez-vous à un lunch d'affaires. «On se rencontre pour un but précis, mais ça ne nous empêche pas de discuter d'autre chose et d'avoir du plaisir», illustre-t-elle.

Expositions

Pour souligner le travail des participants et sensibiliser la population à la santé mentale, de petites expositions sont organisées. Les «élèves» de Hella Derouin ont aussi participé au début de l'année à Parle-moi d'amour, l'exposition-encan mise sur pied chaque année depuis 1999 par les Impatients.

C'était la première fois que l'événement se tenait à Drummondville. Il a aussi eu lieu à Piedmont (dans les Laurentides), au Centre Wellington et au centre-ville de Montréal.

D'autres démarches sont en cours pour étendre encore plus les ateliers d'art, notamment à Laval et Victoriaville.