Comment mettre en place une stratégie efficace de conciliation travail-famille adaptée aux besoins des employés? Voici une solution en cinq étapes et le cas d'une entreprise manufacturière.

Les employés de Synertek, une entreprise de transformation du métal de Saint-Romuald, ont maintenant le choix entre huit horaires de travail. La nouvelle formule a fait ses preuves, et la direction de l'entreprise a même observé une hausse de la productivité depuis l'implantation. Pourtant, dans le secteur manufacturier, très souvent, on dit que l'horaire flexible est impossible.

1- Sonder ses employés

«Lorsque nous avons dit à nos gars que nous voulions améliorer la conciliation travail-famille, ils ont été surpris et disaient que c'était des affaires de bonnes femmes!», se souvient Mélanie Vaillancourt, directrice des ressources humaines chez Synertek. L'entreprise a distribué un questionnaire aux employés pour connaître leurs besoins. Ils en avaient. Finalement, la conciliation travail-famille n'était pas seulement pour les «bonnes femmes» !

«L'horaire flexible était particulièrement demandé, raconte Mme Vaillancourt. Nous avons décidé d'aller de l'avant.»

Marianne Roberge, présidente de la firme Koevä, spécialisée dans l'accompagnement d'entreprises en conciliation travail-famille, affirme que les besoins des employés doivent constituer la base de la démarche.

«Sinon, on risque de manquer sa cible», affirme-t-elle.

2- Mettre chacun à contribution

Pour mettre en place le concept d'horaire variable, la présidente-directrice générale de Synertek, Cendrine Cartegnie, a précisé ses limites.

«Ensuite, nous avons formé des équipes de quatre ou cinq employés pour connaître leur réalité et leurs propositions d'horaires, explique Mélanie Vaillancourt. Nous avons obtenu des idées intéressantes auxquelles nous n'avions pas pensé. À partir de ça, nous avons bâti une carte des horaires.»

«L'avantage que l'employeur travaille en collaboration avec les employés est que les deux parties comprennent la réalité de l'autre et développent une attitude proactive, affirme Marianne Roberge. Pour qu'une politique de conciliation travail-famille réussisse, il faut que les employés fassent leur bout de chemin aussi en s'organisant efficacement, en allant chercher des ressources. Ce n'est pas seulement à l'employeur de faire des efforts.»

Les gestionnaires sont aussi d'une importance capitale.

«Il faut les impliquer lorsque les mesures développées affecteront leur travail, affirme Mme Roberge. Ils doivent comprendre l'importance de la mesure et on doit leur demander ce qu'ils en pensent, les risques qu'ils perçoivent.»

3- Respecter ses limites

L'employeur doit respecter ses limites au cours du processus.

«Le pire, c'est de mettre en place de nouvelles mesures de conciliation travail-famille, puis de revenir en arrière après quelques mois puisqu'elles ne fonctionnent pas, dit Marianne Roberge. Donner quelque chose aux employés, puis leur enlever n'est jamais bon.»

La direction de Synertek a dû tenir son bout lorsqu'elle a proposé un choix de huit horaires. «Nous avons été ébranlés de voir certains employés déçus que leur proposition n'ait pas été retenue, mais nous ne pouvions pas offrir 50 horaires! Un changement, même lorsqu'il est positif, vient toujours avec une période d'adaptation. Aujourd'hui, personne ne retournerait en arrière.»

4- Y aller étape par étape

L'employeur a avantage à y aller étape par étape et à choisir une période plutôt calme dans l'année pour implanter une nouvelle mesure. D'autant plus si la mesure modifie l'organisation du travail. C'était le cas chez Synertek.

«Nous ne livrons plus le vendredi puisque plusieurs employés sont en congé, indique Mme Vaillancourt. La productivité n'a pas été affectée; elle s'est même améliorée! La meilleure ambiance de travail à la suite de l'adoption de l'horaire flexible y est certainement pour quelque chose. Les employés comprennent l'importance de donner le meilleur d'eux-mêmes pour que tout fonctionne bien.»

L'employeur doit arriver à présenter aux employés une politique de conciliation travail-famille formelle, claire et bien réfléchie.

«Pratiquement toutes les entreprises ont des mesures de conciliation travail-famille, mais elles sont souvent gérées au cas par cas, remarque Mme Roberge. Or, certains employés ne sont pas à l'aise de demander des aménagements et ils risquent d'augmenter leur niveau de stress, de s'épuiser ou de quitter l'entreprise. D'où l'importance de formaliser les mesures.»

5- Réévaluer

Une fois les mesures bien implantées, on regarde les impacts et on corrige le tir au besoin.

«Idéalement, on sonde les employés et les gestionnaires chaque année pour faire évoluer la politique», conseille Marianne Roberge.

Pour ce qui est des travailleurs de Synertek, ils sont bien heureux de leur nouveau choix d'horaire. Finalement, la conciliation travail-famille n'était pas seulement qu'une affaire de «bonnes femmes» !

> Les PME et les organisations à but non lucratif de 250 employés ou moins peuvent avoir accès au programme de soutien financier en matière de conciliation travail-famille du ministère de la Famille.

> Pour le volet planification, l'entreprise doit former un comité paritaire employeur/travailleurs, puis réaliser avec un professionnel un diagnostic sur les difficultés et les besoins des employés en matière de conciliation travail-famille. Le soutien financier équivaut à 50% des dépenses admissibles, pour un maximum de 4000$.

> Ensuite viennent l'élaboration et la mise en place de mesures. Le soutien financier équivaut à 50% des dépenses admissibles, et le maximum est de 5000$.

> Le dernier volet soutient l'implantation du comité paritaire. L'aide peut servir à financer la participation active de certains membres du personnel à la démarche de mise en place de mesures de conciliation travail-famille. Le soutien équivaut à 100% des dépenses admissibles pour un maximum de 1000$.

> Sauf exception, l'aide maximale par période d'une année est de 10 000$ par entreprise.