À quelques semaines de Noël, Postes Canada annonçait la fin de la livraison du courrier à domicile d'ici cinq ans et la suppression de plusieurs milliers d'emplois. Le métier de facteur n'est pas le seul à perdre des plumes. Le secteur manufacturier vit encore des moments difficiles et certains emplois, comme les commis de club vidéo, sont pratiquement en voie d'extinction. Toutefois, d'autres occasions se présentent pour les chercheurs d'emploi.

«Les travailleurs dans des postes appelés à disparaître doivent se demander dans quel autre type d'emploi ils peuvent transférer leurs compétences», affirme Sylvie Doré, directrice, solutions pour PME et service à la clientèle, pour le site d'emploi Workopolis. 

Elle donne l'exemple des facteurs qui, selon elle, peuvent envisager des postes plus diversifiés que ce qu'offrent les compagnies privées d'expédition de colis. 

«Leur approche développée en service à la clientèle peut très bien être transférée par exemple dans le commerce de détail, ou dans le tourisme et l'hôtellerie.»

Pour faire valoir leurs compétences générales sur un curriculum vitae, elle suggère aux candidats de donner des exemples pour illustrer leurs forces. 

«Ils peuvent aussi avoir avantage à accepter un poste dans un domaine d'avenir même s'ils ont l'impression d'être rétrogradés puisqu'ils pourront ensuite gravir les échelons, affirme-t-elle. C'est plus facile de faire valoir ses compétences en emploi que sur papier.»

Le secteur manufacturier en transition

Le Québec a vu l'usine de croustilles Old Dutch fermer ses portes en 2013, et la fermeture du manufacturier d'électroménagers Electrolux est prévue pour juin. 

«C'est difficile dans le secteur manufacturier et cela le demeurera avec notamment le Buy American Act qui encourage fortement les entreprises américaines à acheter des produits manufacturés aux États-Unis, indique Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. De plus, la délocalisation de la production est relativement facile, et la pression est énorme sur les entreprises.»

Il remarque toutefois que le secteur manufacturier à haute valeur ajoutée, comme les entreprises du domaine de l'aérospatiale, tire son épingle du jeu. 

«Les travailleurs du secteur manufacturier traditionnel qui voudront se réorienter vers des entreprises manufacturières de produits à haute valeur ajoutée devront développer leurs connaissances», indique-t-il. 

«C'est terminé, l'époque où on allait à l'école, puis on se trouvait un emploi et on arrêtait d'apprendre, indique Sylvie Doré. Aujourd'hui, il faut toujours évoluer.»

Les emplois dans le vent 

Emploi-Québec prévoyait en 2012 que du 1,4 million d'emplois à pourvoir au Québec d'ici 2021, 264 000 proviendraient de la création d'emplois. Dans 95% des cas, ils seraient dans le secteur des services. 

Les analyses de données du site Workopolis révèlent que les emplois les plus demandés touchent d'ailleurs souvent aux relations humaines. On note, par exemple, les conseillers financiers, les travailleurs sociaux, les vendeurs.

«Avec l'arrivée de nouveaux joueurs dans le commerce de détail, il y a une forte hausse des besoins de main-d'oeuvre, indique Mme Doré. Les emplois en santé demeurent également légèrement en croissance. Les travailleurs spécialisés comme les soudeurs et les électriciens sont aussi toujours beaucoup recherchés.»

Florent Francoeur voit aussi dans l'adoption à l'unanimité du projet de loi 41 un changement d'aptitude par rapport à la fonction publique québécoise. 

«On s'est donné des moyens pour être plus attrayants, indique-t-il. On pourrait voir arriver un regain d'intérêt pour les postes dans la fonction publique.»

Avec 1,1 million d'emplois à pourvoir en raison des départs à la retraite au Québec d'ici 2021, les possibilités seront nombreuses dans pratiquement tous les secteurs. 

Emploi-Québec prévoit que la province atteindra un taux de chômage de 5,3% en 2021, soit le plus bas taux observé depuis 1967. Ce taux est près de ce que les économistes appellent le «taux de chômage de plein emploi».

Dans les domaines où les offres d'emploi sont nombreuses, les employeurs doivent sortir du lot pour combler leurs besoins. Les stratégies à adopter dépendent du secteur d'activité.

«Par exemple, dans le commerce de détail, les gens acceptent un emploi d'abord parce qu'il est près de leur résidence, affirme Mme Doré. Les employeurs doivent déployer des stratégies locales de recrutement. Dans d'autres secteurs où les travailleurs sont plus qualifiés, les employeurs doivent plutôt miser sur leur environnement de travail.»

Les étoiles filantes

Il y a aussi des emplois dans le vent en ce moment qui n'existaient pas il y a 10 ans. 

«On retrouve dans cette catégorie par exemple les gestionnaires de communauté web, les développeurs d'applications mobiles et les spécialistes des moteurs de recherche», énumère Mme Doré. 

Il faut être prudent avec ces nouveaux types de postes. Certains peuvent disparaître aussi rapidement qu'ils se sont imposés. Par exemple, Workopolis prévoit la disparition du rôle d'expert des médias sociaux d'ici 10 ans. 

«Ce sera tellement intégré aux différents milieux de travail qu'on n'aura plus besoin d'experts», affirme Mme Doré.

Ces changements très rapides permettent aussi aux travailleurs d'user de leur créativité pour cibler des besoins futurs et défricher de nouvelles possibilités de carrière.