Que vous ayez un mauvais dossier de crédit ou des antécédents terroristes, vos patrons risquent de tout découvrir avant de vous embaucher. Mais jusqu'où peuvent-ils aller?

Au moins 22% des candidats à un poste ont déjà falsifié un renseignement sur leur curriculum vitae, selon une étude menée chez Garda, une entreprise spécialisée en sécurité des entreprises. C'est pour cette raison que plusieurs dirigeants font appel à des firmes qui pourront vérifier les renseignements indiqués dans les demandes d'emploi.

«Toutes les vérifications que nous faisons sont basées sur le consentement des candidats», rappelle Daniel Fallows, directeur général chez Garda. Les demandes de recherche les plus fréquentes concernent l'identité, le dossier criminel, le passé scolaire, l'accréditation professionnelle et l'historique de travail.

Lorsqu'un poste touche une gestion d'argent, une analyse du dossier de crédit est réalisée pour avoir un aperçu de la solvabilité du candidat, de ses antécédents financiers et de son degré de responsabilité.

Les tests de dépistage de drogues et d'alcool, presque généralisés aux États-Unis, sont plutôt rares au Canada. «On le fait dans le cas d'un poste pouvant causer des blessures, la mort ou des dommages à soi-même, aux collègues, au public ou à l'environnement, tels que les pilotes d'avion, les chauffeurs d'autobus ou les conducteurs de machinerie lourde», précise M. Fallows.

Certaines entreprises vont jusqu'à demander des rapports sur la sécurité internationale pour s'assurer que les candidats n'ont aucun lien avec le blanchiment d'argent, la fraude, les banques fantômes, les narcotrafiquants ou les terroristes.

Une fois que ces renseignements sont trouvés, il faut toutefois bien les utiliser. «Par exemple, l'employeur qui désire rejeter une candidature sur la base des antécédents criminels d'un postulant doit être prudent, affirme Me Alexis Charpentier. Il est nécessaire que l'infraction soit en lien avec l'emploi en cause.»

Vérifications sur le web

Selon un sondage réalisé en 2013 par Jovite, 94% des recruteurs utilisent les réseaux sociaux dans leurs démarches. «L'accès est légal, mais l'information n'est pas toujours pertinente pour prédire la performance d'un individu à l'emploi, soutient Didier Dubois, consultant en solution RH numérique. Les recruteurs doivent faire attention de ne pas extrapoler. D'un autre côté, ce n'est pas évident de démontrer qu'une entreprise a rejeté un candidat pour un élément subjectif trouvé sur les réseaux.»

LinkedIn, Facebook, Twitter, Google Plus, YouTube et les blogues sont scrutés à la loupe. «On vérifie si votre CV concorde avec votre profil, comment vous faites la promotion de votre expertise, quels sont vos comportements (partys, consommation), vos goûts, vos opinions, si vous faites des commentaires de nature sexuelle ou des propos tendancieux, résume Émilie Pelletier, consultante en marketing RH. Les fautes d'orthographe et de ponctuation ont aussi une influence négative chez 60% des recruteurs, même s'il est possible qu'une personne s'applique davantage au travail.»

Plusieurs candidats auraient également avantage à vérifier leur réputation en ligne. «Avec un nom et un prénom, on peut scanner les médias sociaux pour trouver ce qu'un individu dit sur lui, ce que les autres racontent à son sujet et dénicher plusieurs photos, explique Didier Dubois. Malheureusement, les employeurs peuvent faire une interprétation abusive de ces informations.»