Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent investir de plus en plus en formation. Comment s'y prendre? La Presse vous propose une série d'articles pour découvrir chaque samedi un problème rencontré par une entreprise et comment elle l'a résolu en investissant en formation. Cette semaine, les nouveaux propriétaires du Groupe Intervalves, une société de Shawinigan spécialisée en reconditionnement et en certification de soupapes de sûreté, ont dû apprendre à gérer une entreprise.

Le problème

Bruno Paradis rêvait depuis toujours de se lancer en affaires. Mécanicien industriel, il avait travaillé dans différentes industries et avait une expérience de contremaître, mais il n'avait jamais géré une entreprise. Lorsqu'il a su que Groupe Intervalves était à vendre, il y a vu une belle occasion d'avoir enfin sa compagnie. Il a demandé à son beau-père, François Lessard, de l'aider à analyser l'entreprise, puis de se joindre à lui pour l'acquérir.

«Bruno voulait apprendre à devenir un bon homme d'affaires», raconte François Lessard, qui est conseiller en gestion depuis le début de sa carrière.

«J'avais vendu mon cabinet-conseil Nadeau Lessard et j'y effectuais de moins en moins de mandats parce que j'étais près de la retraite, ajoute-t-il. J'ai accepté d'acheter Groupe Intervalves avec Bruno pour lui permettre d'apprendre la gestion progressivement, mais j'allais me retirer après deux ans en suivant un plan de transfert d'entreprise.»

Bruno Paradis devait aussi se familiariser avec les procédés techniques de l'entreprise qu'il ne connaissait pas.

La solution en formation

Les deux partenaires ont acheté Groupe Intervalves en février 2011 et dès le mois de septembre suivant, le programme de formation commençait. La première année a été consacrée à la formation technique.

«Un professeur de l'Université du Québec à Trois-Rivières spécialisé dans le domaine donnait des sessions de formation de trois heures toutes les deux semaines, précise François Lessard. Cela a permis à Bruno d'apprendre les procédés et à tous les employés d'atteindre un niveau de qualification supérieur. Le formateur donnait beaucoup de travaux à faire pour permettre aux employés de passer de la théorie à la pratique et pour maintenir leur motivation.»

La formation continue technique s'est poursuivie, mais pour sa deuxième année comme entrepreneur, Bruno Paradis s'est concentré sur le volet gestion.

Il n'était désormais plus le seul homme d'affaires en devenir: Jean-Pierre Hamelin, diplômé en génie industriel, avait joint le Groupe Intervalves pour racheter les parts de François Lessard.

«Toute ma vie, j'ai fait de la formation en gestion et j'ai obtenu plusieurs mandats de passation d'entreprise familiale, indique M. Lessard. J'ai fait la même chose que d'habitude pour Bruno en laissant de côté mon chapeau de beau-père.»

«Nous prévoyions des sessions de formation, explique Bruno Paradis. Ça se passait bien parce que les besoins étaient là, et j'avais une grande confiance en François. Il a tellement d'expérience.»

Par exemple, François Lessard pouvait demander aux deux nouveaux patrons d'intervenir en cas d'erreur d'un employé.

«Ils devaient rencontrer l'employé, lui faire prendre conscience de son erreur, faire un plan pour corriger la situation et un plan pour s'assurer que l'erreur ne se reproduise plus», explique-t-il.

Le Groupe Intervalves a reçu du soutien d'Emploi-Québec pour financer ses initiatives de formation.

Les résultats

Rapidement, des résultats sont apparus.

«Le taux de satisfaction de notre clientèle a augmenté de 10% en un an, ce qui est beaucoup, affirme M. Lessard. Nous avons moins de retours de produits également; notre fiabilité est plus grande.»

Les résultats financiers ont aussi rapidement été au rendez-vous.

«Dès la fin de la première année, nous avions de bons résultats, affirme Bruno Paradis. Quand le chiffre d'affaires augmente, c'est bon signe!»

«Bruno et Jean-Pierre ont développé de plus en plus de confiance en eux, remarque François Lessard. Ils sont capables d'aller chercher des mandats plus importants chez des clients, de négocier. Ils se comportent comme des grands!»

L'entreprise compte maintenant huit employés, alors qu'elle en avait cinq au moment de l'achat.

De plus, les nouveaux propriétaires ont profité de la formation technique pour mettre par écrit les procédures de travail de chacun des postes.

«L'entreprise est moins vulnérable maintenant si un employé clé tombe malade ou quitte son poste», explique François Lessard.

Enfin, l'été dernier, l'achat des parts de François Lessard par Jean-Pierre Hamelin s'est concrétisé.

«Je ne gère plus l'entreprise au quotidien, mais j'assiste aux rencontres du comité de gestion que j'ai mis en place, précise le mentor. Une fois par mois, nous regardons les enjeux majeurs, les grandes décisions à prendre et les résultats. Je m'assure que l'orientation de l'entreprise demeure pertinente. J'accepte aussi de petits mandats à l'occasion.»

«J'en ai encore à apprendre», dit M. Paradis.