Des défis, les entrepreneurs et les gestionnaires en rencontrent tous les jours. La Presse vous propose une série d'articles présentant des difficultés et des solutions inspirantes adoptées par des gens sur le terrain. Cette semaine: profiter des vacances pour entreprendre une bonne réflexion stratégique.

Dans bien des secteurs d'activité, de nombreux travailleurs sont en vacances l'été, et les affaires tournent au ralenti. Plusieurs entrepreneurs et gestionnaires en profiteront pour faire le point sur leur entreprise ou leur service.

«C'est extrêmement bénéfique de prendre du temps pour réfléchir sur ce qu'on veut accomplir, de sortir des opérations quotidiennes de l'entreprise», affirme Nathaly Riverin, directrice générale de l'École de l'entrepreneurship de Beauce dont le programme est bâti de façon à permettre aux entrepreneurs de s'éloigner de leur entreprise quelques jours tous les deux mois.

Toutefois, avant de faire le point, elle conseille de prendre du repos.

«Une réflexion stratégique demande beaucoup d'énergie. C'est donc important de prendre d'abord des vacances pour se ressourcer, rencontrer des gens, redémarrer la machine de la créativité.»

Chez Macpek, une entreprise de Québec spécialisée dans les pièces de véhicules lourds et les roues d'automobiles, les vacances sont sacrées.

«C'est important de faire le vide pendant les vacances, et nous encourageons nos employés à le faire en se coupant du téléphone et des courriels», explique Jean-François Pouliot, président de l'entreprise.

Pas besoin de partir pendant un mois, toutefois, pour se reposer.

«Plusieurs entrepreneurs partent une semaine tous les trois mois pour ne pas être déconnectés de leur entreprise trop longtemps à la fois», remarque Nathaly Riverin.

Prioriser la réflexion

On peut se plonger dans la réflexion une fois qu'on est bien reposé, conseille Nathaly Riverin.

«Surtout, ne prenez pas de rendez-vous à votre retour, ne retombez pas immédiatement dans les opérations», indique Mme Riverin, qui a pris l'habitude de se reposer un peu avant le retour de son monde et de profiter de l'accalmie pour réfléchir.

Chez Macpek, qui compte 225 employés, les périodes de réflexion réunissent l'équipe de direction, et il est hors de question d'en prévoir une en plein été pendant que les gens sont en vacances. Ces séances de trois jours à l'extérieur de l'entreprise ont lieu au printemps et à l'automne, des périodes occupées.

«Je priorise ces moments de réflexion parce que c'est facile de se laisser étourdir par le quotidien», affirme Jean-François Pouliot qui, il y a cinq ans, a pris la présidence de l'entreprise fondée par son père en 1974.

Les questions essentielles à se poser

Nathaly Riverin conseille de commencer sa réflexion en se demandant pourquoi on travaille aussi fort.

«Il faut se reconnecter avec les raisons profondes pour lesquelles on fait son métier, explique-t-elle. Plusieurs entrepreneurs se laissent guider par des objectifs qui, profondément, ne sont pas les leurs et ils s'épuisent.»

Elle suggère aussi de poser cette question aux membres de son équipe pour savoir s'ils sont animés par les mêmes passions.

D'autres questions suivront naturellement. Par exemple, «A-t-on les ressources nécessaires pour atteindre ses objectifs?» et «Quel marché faut-il attaquer?».

L'entrepreneur devra ensuite faire des choix pour rester fidèle à sa vision.

«C'est un grand défi pour l'entrepreneur qui veut souvent tout faire, précise Mme Riverin. Il faut laisser passer des occasions pour atteindre ses objectifs à moyen et à long terme.»

Chez Macpek, les membres de la direction doivent se préparer aux rencontres de réflexion.

«Nous leur remettons un court questionnaire quelques jours avant la rencontre, et chacun doit évaluer ses enjeux, cibler ce qui fonctionne bien et moins bien, explique M. Pouliot. Toute l'équipe est mise à profit pour proposer des solutions, et chacun repart avec une liste d'actions à accomplir.»

Les résultats

Chaque période de réflexion engendre des changements chez Macpek.

«Par exemple, nous pouvons adopter une nouvelle stratégie de vente, indique Jean-François Pouliot. Ces rencontres créent vraiment une synergie dans l'équipe parce que chacun est mis à contribution dans une perspective de collaboration. Je trouve qu'on sous-estime souvent les gens qui sont devant nous parce que le quotidien va trop vite et on n'a pas le temps de réfléchir. Il faut prendre le temps.»

Un changement majeur qui a eu lieu chez Macpek, ces dernières années, a été la création d'un comité consultatif.

«La réflexion a commencé lors de mon premier séjour à l'École d'entrepreneurship de Beauce. J'en ai ensuite discuté avec mon frère, raconte M. Pouliot. Six mois plus tard, le comité était formé avec des gens de haut calibre provenant d'entreprises que nous admirons pour différentes raisons. Ces gens de l'extérieur nous ont amenés à être plus rigoureux et à nous remettre encore plus en question.»