Le métier de profileur criminel fascine. Il est souvent en vedette dans des films, des séries télé ou des polars. Pourtant, ils ne sont que 50 à travers le monde. Yohan Morneau, de la Sûreté du Québec, explique comment il entre dans la tête des criminels.

Appelés à la suite de crimes violents, d'agressions, d'incendies ou de vols qualifiés en série, les profileurs criminels analysent le dossier pour décoder les motivations et le profil du suspect.

«Nous sommes un outil pour les enquêteurs lors de crimes inusités, complexes et sans issue», explique Yohan Morneau.

Sur une scène de crime, les enquêteurs cherchent des éléments de preuve pour condamner quelqu'un. Les profileurs, eux, doivent répondre aux questions suivantes: Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi? Et qui aurait pu le faire? «Au lieu de regarder l'arbre, on essaie de voir toute la forêt», illustre le profileur de 41 ans.

Analyse approfondie

Yohan Morneau observe la scène pour savoir si le criminel était organisé ou non et sa motivation probable. Il dresse aussi un portrait de la victime.

«Pour chaque crime, il y a une victime, une scène de crime et un agresseur. Il faut relier les points», dit-il.

Dans son bureau tout ce qu'il y a de plus banal de la rue Parthenais, Yohan Morneau analyse une trentaine d'éléments significatifs.

Au terme d'une analyse qui dure généralement une semaine, il remet un rapport volumineux, qui contient le résumé de l'enquête, le sommaire des faits, la reconstitution probable des événements, les éléments importants de la scène de crime et le profil de l'agresseur.

Ce dernier comprend normalement le sexe du suspect, son âge, sa personnalité, ses caractéristiques physiques, son organisation et une analyse sociale et psychosociale de l'individu. «Nous avons raison environ 85% du temps», assure le profileur.

Réseau soudé

Yohan Morneau fait régulièrement appel aux autres profileurs. «On travaille toujours en équipe de deux. Quand on n'a pas la réponse dans notre coffre à outils, on va fouiller dans celui des autres.»

Les études canadiennes sur les prédateurs sexuels et les recherches du FBI, dont certaines résultent d'entrevues approfondies avec des tueurs en série condamnés, lui sont particulièrement utiles.

Un métier peu routinier

Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas pour le profileur. «Je fais de la formation à l'école de police, je suis appelé sur des scènes de meurtres et je fais de l'analyse. Ce n'est jamais pareil», estime-t-il.

Celui-ci ne compte d'ailleurs pas ses heures et assiste à des interrogatoires ou va à l'extérieur, selon les demandes. La chasse au prédateur et le défi qu'elle représente le stimulent d'ailleurs au plus haut point, même s'il n'arrête plus personne.

Il avoue toutefois qu'il aimerait que les enquêteurs pensent plus souvent au profilage criminel pour résoudre leurs enquêtes.

Études poussées

Pour exercer, il faut faire partie de l'ICIAF, l'association des profileurs criminels. Les membres sont d'anciens enquêteurs aux crimes contre la personne. La formation dure trois ans. Après avoir analysé plusieurs cas, Yohan Morneau a passé l'examen de certification.

«J'ai reçu un cas réel, résolu. J'avais un mois pour l'analyser et soumettre mon rapport. L'entrevue s'est passée au FBI, où j'avais huit heures pour défendre mon analyse», explique le principal intéressé, qui est profileur depuis deux ans.

Fiction et réalité

Il y a 19 ans, lorsque Yohan Morneau est entré dans la police, il a visionné Le Silence des agneaux. «Le métier de profileur me fascinait», dit-il. Il admet aujourd'hui regarder Criminal Minds, même si la réalité est loin d'Hollywood. Et il continue de suivre - et d'étudier - la trace des criminels.