Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus.

Derrière chaque grand homme, il y a une femme, selon le dicton. On pourrait tout aussi bien affirmer que derrière chaque belle image de recette, il y a un styliste culinaire. Gabrielle Dalessandro est une de ces metteures en scène de la cuisine. Elle travaille dans l'ombre pour s'assurer que les plats sont alléchants.

Avant de devenir styliste culinaire, Gabrielle Dalessandro a fait des études en art et en diététique au Collège Montmorency. «Mon métier me donne la chance de conjuguer mes passions pour la bouffe et les arts», souligne-t-elle.

Plusieurs personnes ont toutefois tenté de la dissuader. «On me disait qu'il n'y avait pas de débouchés ou que c'était trop difficile.»

Elle a malgré tout rencontré des photographes culinaires et des stylistes pour en savoir plus sur le b.a.-ba du métier. En 1998, la persévérance a payé et elle a décroché son premier contrat pour la circulaire des supermarchés IGA. Elle a ensuite travaillé neuf ans pour Transcontinental.

Depuis quatre ans, la styliste culinaire travaille à la pige pour des magazines et des maisons d'édition. Elle collabore entre autres avec Tout simplement Clodine et Urbania. Elle _uvre aussi parfois en publicité. Et la reconnaissance suit: elle a notamment remporté un prix Lux en 2012 dans la catégorie Gastronomie/Arts de la table.

Du marché à l'assiette

Quel est le rôle de la styliste? «Mon travail consiste à habiller les plats pour les rendre appétissants. Je dois arranger chaque ingrédient, régler l'éclairage et tout peaufiner», explique la styliste de 44 ans. Au photographe de prendre ensuite le relais. Avec le temps, la styliste est aussi devenue accessoiriste: elle crée le concept visuel et choisit les assiettes, le décor et les tissus.

L'agenda de Gabrielle Dalessandro est bien rempli. «Je travaille souvent sept jours par semaine. Pour un livre de recettes, je reçois les recettes par courriel. J'achète les aliments les plus frais possible. C'est aussi moi qui cuisine ou qui transforme les aliments et qui les place dans l'assiette. Je fais environ cinq ou six recettes par jour.»

La dextérité manuelle est essentielle dans le métier. «Je travaille avec des pinces, plus précises que mes doigts», explique Gabrielle Dalessandro. Le chalumeau (pour réchauffer les plats) et le pistolet à air chaud (pratique pour faire fondre le fromage) ont aussi trouvé une place dans le coffre à outils de la styliste.

Comme on peut s'en douter, le sens de l'esthétisme est également de mise. Mais avant tout, il faut être débrouillard pour être capable de trouver rapidement des solutions.

Le plus grand défi de Gabrielle Dalessandro est de travailler avec des denrées périssables. «Les aliments doivent tenir sous les feux des projecteurs quelques minutes, parfois même des heures quand on fait de la photo pour l'emballage des produits. Ça prend des trucs.»

C'est pour cette raison que la crème glacée est presque toujours fausse. Chaque styliste a sa recette, à base de shortening ou de sucre en poudre.

«Pour que la peau de la dinde soit bien dorée, je la badigeonne de détergent à vaisselle [Sunlight orange, pour les curieux]. Elle a l'air rôtie, même si souvent, elle n'a cuit qu'au tiers», admet Gabrielle Dalessandro.

Pas étonnant qu'on surnomme parfois les stylistes culinaires «faussaires de la bouffe» !