Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus.

Geneviève Falconetto recrute des candidats pour occuper des postes de prestige. Des présidents d'entreprise et des directeurs généraux ont trouvé un emploi grâce à elle. C'est probablement le seul cas où la proie espère se faire attraper par le chasseur.

Après un baccalauréat en administration des affaires et un MBA, Geneviève Falconetto a travaillé pendant une vingtaine d'années dans le domaine des services professionnels. La réingénierie des affaires et l'implantation de systèmes étaient son pain quotidien.

La recruteuse exerce son métier seulement depuis qu'elle a 40 ans. «Je ne crois pas qu'on choisisse cette profession. C'est pratiquement inconnu et il faut acquérir de l'expérience avant. Autrement dit, le recruteur se fait presque toujours recruter!», explique-t-elle.

Dans son cas, un recruteur renommé lui a demandé, il y a 18 ans, si elle avait déjà songé à faire ce métier. Elle a dû être courtisée trois fois sur une période de 10 ans avant d'accepter un poste chez Odgers Berndtson.

Plusieurs rencontres

Les cadres se succèdent dans le grand bureau vitré de Geneviève Falconetto, qui offre une vue saisissante sur Montréal du 39e étage d'un édifice du centre-ville. Elle rencontre en moyenne 25 nouveaux candidats par semaine.

«Je dois comprendre les besoins du client, la culture de l'entreprise et ses objectifs d'affaires», explique-t-elle. Elle vulgarise ensuite le tout aux équipes de recherche, qui fouillent l'impressionnante banque de candidats de la firme (qui compte plus d'un million de cadres seulement au Canada) en quête de la perle rare. Geneviève Falconetto rencontre les 20 plus prometteurs, puis soumet trois ou quatre noms à l'entreprise, qui a le dernier mot.

En tout, le processus prend normalement huit semaines, de la recherche à la présentation d'une liste de candidats potentiels. Viennent ensuite la coordination des entrevues, les références et la négociation de l'offre.

Geneviève Falconetto ne badine d'ailleurs pas avec les références. Elle rencontre six personnes (deux patrons, deux collègues et deux employés) qui connaissent bien le candidat. «Je leur pose tous les mêmes questions, ce qui fait que j'ai six réponses. J'observe aussi. Certains silences en disent long.»

Comment réagissent les candidats - très souvent en poste ailleurs - à l'appel de la recruteuse? «La plupart sont flattés. Ils me demandent conseil, veulent savoir si ce serait bon pour leur carrière», explique-t-elle.

Tous les domaines, à l'échelle de la planète

Le travail de Geneviève Falconetto lui permet de mieux connaître des secteurs très variés. «J'ai planché entre autres sur des mandats dans le domaine naval, avec le Comité olympique canadien, en construction ou en pharmaceutique. Je pourrais raconter des anecdotes du matin au soir. C'est passionnant.»

La rareté des candidats étend aussi ses recherches. «Le talent se trouve maintenant à l'échelle mondiale. C'est un défi du métier. Je dois parfois convaincre un Européen ou un Asiatique de venir s'établir ici avec sa famille», souligne-t-elle.

La recruteuse de 47 ans adore son métier, mais il ne lui donne pas l'occasion d'avoir beaucoup de répit. «C'est une course sans fin. Une fois le mandat octroyé, le client veut toujours le candidat pour hier. Il n'y a qu'à Noël où je peux prendre des vacances, en jetant néanmoins un oeil sur mon BlackBerry de temps en temps.»