Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus.

Lorsque vous circulez sur les autoroutes et les ponts de la métropole, toute une équipe veille attentivement sur vous, prête à intervenir en cas de besoin. Frédéric Ducharme, contrôleur de la circulation au Centre intégré de gestion de la circulation (CIGC) à Montréal, en fait partie.

En tout temps, sept personnes (six contrôleurs et un chef d'équipe) sont en poste au CIGC pour détecter les incidents dans le réseau routier de Montréal et réagir le plus vite possible.

Parcours inhabituel

Frédéric Ducharme travaille au CIGC depuis 11 ans. Il a un parcours atypique. «Je voulais devenir professeur au secondaire. La crise du verglas est survenue durant mon baccalauréat et j'ai fait du bénévolat pour une organisation de mesures d'urgence. J'ai annulé ma session et j'ai été embauché par la Ville de Côte-Saint-Luc», dit-il.

Il y a occupé les postes de répartiteur au service d'incendie et de premier répondant en sécurité publique jusqu'en 2002. Il a perdu son emploi lors des fusions municipales. Il s'est ensuite joint au CIGC.

«J'aime les opérations et le mandat global du Ministère. C'est un peu le travail que je faisais avant, mais à plus grande échelle», estime le contrôleur de 40 ans.

De jour comme de nuit

Les 183 caméras qui surplombent le réseau de Transports Québec (surtout les autoroutes 15, 25, 40 et 720) permettent à deux contrôleurs de détecter les incidents en temps réel et d'envoyer les secours. Un autre contrôleur est affecté uniquement au tunnel Ville-Marie, point névralgique qui contient à lui seul 85 caméras.

Quelque 150 incidents se produisent en moyenne chaque jour dans l'île de Montréal. «Selon la situation, on collabore avec les surveillants de Transports Québec, les policiers, les ambulanciers, les pompiers ou les conducteurs de remorqueuse», dit Frédéric Ducharme.

Les usagers doivent aussi être informés en cas de perturbation. «L'un de nous s'occupe des messages sur les panneaux fixes et un autre se charge des panneaux mobiles que l'on trouve surtout sur les chantiers», explique Frédéric Ducharme. On peut y lire des indications comme «circulation fluide» ou «accident voie de gauche». Le message peut être modifié presque instantanément.

Un dernier contrôleur s'occupe des communications avec les médias et les chroniqueurs à la circulation. «Pour ne pas que ça devienne routinier, on alterne les postes chaque jour», ajoute M. Ducharme.

Témoins importants

Le contrôleur aime le fait qu'il n'y ait pas deux journées pareilles. «Certaines choses n'arrivent que la nuit. La sortie des bars, par exemple. L'être humain fait parfois des folies, et on est aux premières loges pour les voir.»

Certains événements sont plus difficiles à voir. «On voit des gens grièvement blessés. On assiste parfois à leur mort. C'est difficile, il faut se détacher, sinon ça serait infernal», dit-il.

Heureusement, les incidents ne sont pas tous tragiques. «Un camion qui transportait des milliers de poules les renversées sur l'autoroute 20! On ne ramasse pas les poulets à la pelle. Il a fallu les récupérer une par une», se souvient M. Ducharme.