Depuis trois ans, le Dr Alexandre Chouinard, médecin de famille de Sainte-Agathe-des-Monts, rêve de retourner dans le Nord.    

Au début de ses études en médecine, il fait un stage clinique d'été au centre de santé de Puvirnituq, sur la baie d'Hudson, et travaille sur un projet de recherche sur les premiers contacts entre la médecine blanche et les Inuits.

C'est le coup de coeur, et son premier emploi de médecin généraliste sera dans le Grand Nord.

Entre 2001 et 2003, il travaille à temps plein à l'hôpital de Kuujjuaq et dans le dispensaire de Quaqtaq. Chaque médecin part une semaine sur six dans le dispensaire d'un village éloigné.

La majorité des médecins en permanence à l'hôpital sont des omnipraticiens, les différents spécialistes visiteurs viennent une ou deux fois par mois.

«Nos tâches sont bien plus diversifiées que dans un hôpital du Sud. On touche à tout, on fait de l'obstétrique, par exemple, on doit aussi accomplir certaines tâches administratives», explique le Dr Chouinard.

«Aucune journée n'est pareille, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Certains jours, il n'y a personne, il fait beau et les gens sont partis à la chasse. Mais le lendemain, l'hôpital est plein, on a trois accidents de motoneige. Il faut être prêt à faire face à l'imprévu», poursuit-il.

Selon lui, pour travailler dans le Nord, il faut avoir des capacités de communication interculturelle, de bonnes techniques d'entrevue. «Nous avons des interprètes, mais ils ne sont pas toujours bien formés. Il y a aussi une compétence que tout médecin doit avoir, mais qui est encore plus nécessaire au Nunavik: l'autonomisation ou le fait de faire participer plus activement les patients à leurs soins, qu'ils prennent en charge leur santé. Les gens ici en ont assez de devoir faire ce que les médecins leur disent.»

Les difficultés du travail dans le Nord? Pour Alexandre Chouinard, c'est d'être éloigné de sa famille. Élever des enfants ou le froid peuvent aussi être des défis.

«Parfois, ce qui est décevant quand on ne se fait pas une idée réaliste du Nunavik, c'est le fait que les gens ne nous accueillent pas forcément les bras grands ouverts, ne nous donnent pas accès à leur culture facilement. Les Inuits voient passer beaucoup de monde, ils attendent avant de s'ouvrir», remarque-t-il.

«Mais contrairement à ce que l'on peut penser, la vie sociale est très développée dans le Nord, surtout avec les autres "expats". Vivre au Nunavik est un dépaysement total, les paysages sont impressionnants. C'est un bonheur d'explorer la région.»

Après ces deux années à temps plein, le Dr Chouinard a travaillé une semaine à la fois jusqu'à ce que tous les postes soient pourvus. «J'aimerais y retourner, je me renseigne régulièrement, mais pour l'instant, il n'y a pas de place.»