Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus.

Mariève St-Jean a toujours été attirée par les métiers non traditionnels. Les normes, très peu pour elle! Pas étonnant qu'elle soit aujourd'hui l'une des seules conductrices de remorqueuse au Québec.

Mariève St-Jean en a fait du chemin avant d'exercer son métier. Elle a notamment travaillé à l'Hippodrome de Montréal et elle a tenu un gîte touristique pendant 10 ans, avant de se remettre sérieusement en question. «J'ai suivi quelques cours d'orientation et ça donnait toujours les mêmes résultats: j'aimais les camions et les armes!», dit-elle en souriant. Un résultat étonnant, qui l'a tout de même menée à son métier.

Après une tentative ratée de conduire des camions blindés (un échec difficile pour le moral), Mariève St-Jean a décidé de prendre le taureau par les cornes. «Dès que je voyais un camion, n'importe lequel, je faisais signe au chauffeur et je montais sur le marchepied pour lui demander s'il y avait du travail pour moi dans son entreprise», raconte-t-elle.

L'exercice a finalement porté ses fruits. Durant quelques semaines, elle a livré des matières dangereuses. «Après, j'ai recommencé mon manège et un conducteur de Remorquage Bélanger a accepté de me donner ma chance.» Elle travaille pour l'entreprise de Québec depuis maintenant deux ans. Elle y a lentement fait sa place, en apprenant sur le tas.

Un métier «fou»

Beau temps, mauvais temps, Mariève St-Jean est sur la route dès 6h45 et elle ne sait jamais quand sa journée se terminera. Le matin, elle dégage la voie pour les autobus de la ville en déplaçant les voitures qui obstruent la route (elle se fait parfois enguirlander au passage!). Elle répartit aussi les appels entre les six autres conducteurs et s'occupe de la facturation.

Le reste du temps, elle répond aux appels. Elle reçoit également les demandes des membres du CAA et des festivals.

«Je suis surtout appelée lors d'un accident. Je collabore sur les lieux avec les policiers et les ambulanciers. C'est très grisant», souligne-t-elle. Elle ajoute que certaines scènes sont toutefois difficiles à regarder et qu'il faut alors avoir le coeur bien accroché.

«Parfois, un des accidentés monte dans la remorqueuse et il est en état de choc. Il se confie à moi. Dans ces cas-là, je fais aussi un peu de relation d'aide», explique Mariève St-Jean.

«Conducteur de remorqueuse est un métier difficile et dangereux. Les chaînes et l'équipement sont lourds, il y a beaucoup de pression, on travaille dans l'urgence et dans la circulation. Il faut être fou pour faire ce métier. Fou et passionné», estime Mariève St-Jean, qui adore néanmoins son travail.

Une femme forte

Mariève St-Jean a aujourd'hui la reconnaissance des clients et des policiers, mais ça n'a pas toujours été facile. «Je travaille dans un milieu misogyne. Il n'y a pas non plus d'entraide ni de camaraderie. J'ai dû faire ma place», explique-t-elle. «Maintenant, dans ma remorqueuse, j'ai un peu l'impression que la ville m'appartient!»

La femme de 41 ans a surmonté plusieurs épreuves pour en arriver là, mais elle reste optimiste. «Après tous les échecs, tous les rejets, tomber amoureuse d'un métier qui m'était inconnu, dans une ville inconnue, c'est une belle réalisation. J'en suis bien fière.»