L'épuisement professionnel et les dépressions sont sans contredit le fléau du XXIe siècle dans le monde du travail. Mais il suffit parfois de petits gestes bien pensés, autant du côté des employeurs que des travailleurs, pour ne pas franchir la limite qui sépare le travailleur occupé de l'employé en burnout.

Selon l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, 30% des absences étaient liées à la maladie mentale il y a 15 ans, alors que c'est plus de 50% aujourd'hui. Une tendance inquiétante alors qu'un nouveau sondage pancanadien Ipsos Reid nous apprend qu'un travailleur sur cinq souffre de dépression.

Selon ce même sondage, près de 15% des employés canadiens sont très ou un peu en désaccord avec le fait que leur milieu de travail est un endroit sain et sûr psychologiquement. Sans compter que plus d'un travailleur sur dix avoue être incommodé par des sentiments de nervosité, d'anxiété ou d'inquiétude incontrôlables, ou dit avoir l'impression que peu importe les efforts qu'il met au travail, ce n'est jamais assez.

Inquiétant? Certainement, même si, comme le souligne l'auteur et conférencier Stéphane Simard, la comparaison avec le même sondage réalisé en 2009 semble indiquer que la situation s'améliore un peu. La prise de conscience des entreprises y est peut-être pour quelque chose, croit ce dernier, même s'il reste du chemin à faire.

«Les entreprises sont plus conscientes aujourd'hui de l'importance d'offrir un environnement de travail sain. Ce qui fait mal, ce sont les coûts reliés à l'absentéisme, mais aussi, par association, au présentéisme, qui est le fait d'être là physiquement, mais pas mentalement. Des études affirment même que les coûts reliés au présentéisme, difficiles à évaluer, seraient environ cinq fois supérieurs à ceux, visibles, de l'absentéisme», affirme-t-il.

Que faire? M. Simard suggère, par exemple, d'éviter les réunions hors des heures normales du bureau pour faciliter ainsi la conciliation entre travail et vie personnelle. «Redonner plus de maîtrise sur leur horaire aux gens permet de réduire beaucoup la pression et le stress qui engendrent le burnout», ajoute le conférencier.

Originalité

En plus des solutions comme les horaires flexibles, les banques d'heures accumulées et le télétravail, certains employeurs font preuve d'originalité: «J'ai vu des entreprises offrir des services comme le nettoyage de vêtements, l'entretien du véhicule, le ménage à domicile et même un service de traiteur où les employés peuvent se procurer le repas du soir avant de partir du bureau!»

Une autre solution peut passer par la création d'un comité de mieux-être dans l'entreprise. «Les employés qui s'engagent présentent des suggestions et des initiatives au patron, qui peut, de son côté, allouer un certain budget au comité», dit Stéphane Simard.

Enfin, créer des espaces qui favorisent les rapprochements entre les employés sur le lieu de travail ne devrait pas faire craindre aux patrons une perte de productivité. «Une étude psychologique citée dans le livre The Happiness Advantage affirme que le fait d'établir des relations significatives avec les collègues permet de diminuer le stress et d'augmenter la productivité», avance M. Simard.

Les travailleurs doivent aussi être conscients qu'ils ont des limites, croit M. Simard. «Il faut apprendre à dire non et à faire des choix. Des fois, ça semble plus facile dans notre vie personnelle que professionnelle. Pas besoin d'être une superwoman ou un superman et de vouloir être parfait dans tout.»

En tant qu'employé, il ne faut pas avoir peur de négocier avec son patron lorsque la charge de travail semble trop grande. «Si les employés négocient au lieu de dire toujours oui, ça permet à l'employeur de mieux gérer son entreprise et ses priorités», conclut-il.