Que fait un boutefeu? À quoi ressemble le quotidien d'un animalier ou d'un détective privé? Pour le savoir, La Presse les a rencontrés pour vous. Regard sur des métiers inusités, rares ou méconnus.

Si, à l'époque de la Nouvelle-France, le meunier occupait un rôle de premier plan, le métier est aujourd'hui (presque) disparu. Celui d'ingénieur meunier, son successeur, est par contre bien vivant. Rencontre avec le patron du moulin.

Michel Duval est ingénieur meunier depuis 1990. Il travaille chez P&H Milling Group depuis 2004, et y occupe maintenant les fonctions de directeur des opérations. L'entreprise offre ses farines à environ 40 clients dans le milieu industriel, la restauration et la pâtisserie. Fairmount Bagel en fait partie.

Formation

C'est un concours de circonstances qui a amené Michel Duval à devenir ingénieur meunier.

«J'étais inscrit au baccalauréat en génie chimique à l'époque. J'ai fait mon troisième stage en amidonnerie (un processus industriel qui permet l'extraction de l'amidon), puis le quatrième chez Farine Five Roses. J'y suis resté et huit mois plus tard, l'opportunité d'étudier la meunerie s'est présentée», explique-t-il.

Michel Duval s'envole donc pour Paris en 1989, en directionde l'École nationale supérieure de meunerie et des industries céréalières (ENSMIC), où se donne la seule formation spécialisée en meunerie.

Oubliez l'image du meunier courbé sous le poids des sacs de farine. À l'ENSMIC, les futurs meuniers sont en blouse blanche et travaillent avec des machines à la fine pointe de la technologie.

«Quand je suis revenu au pays un an plus tard, j'étais le premier Canadien à travailler comme ingénieur meunier. À ma connaissance, je suis encore le seul», lance fièrement Michel Duval. Son métier est d'ailleurs introuvable sur Google - une rareté: essayez avec le vôtre, pour voir.

Un rôle primordial

Du champ à la farine, l'ingénieur meunier est présent à toutes les étapes de la production. «Il choisit même les champs de blé», renchérit Michel Duval. Il sélectionne aussi les équipements nécessaires et l'ouverture des différents tamis, selon la grosseur des céréales et la sorte de farine à produire. Il s'assure en outre de la qualité de la farine.

«L'ingénieur meunier travaille dans un milieu bruyant et chaud. Son horaire varie et il doit être disponible de jour comme de nuit. Il doit aussi être patient pour gravir les échelons, en plus d'être prêt à voyager», constate Michel Duval. Ce dernier a notamment travaillé quatre ans à St. Louis, aux États-Unis.

En tant que directeur des opérations, Michel Duval est «responsable de l'usine au complet». Il doit suivre quotidiennement les trois Bourses du blé et être à l'affût des nouveautés puisque c'est lui qui achète les produits. Les achats se font normalement à l'avance; l'entreprise a déjà rempli depuis longtemps son carnet de commandes jusqu'au printemps prochain.

Michel Duval gère également une trentaine d'employés. S'ajoutent le budget, les législations à respecter et les visites de l'usine. «Tout ça avec 180 tonnes de farine à produire chaque jour», dit-il.

Travailler avec la nature

«Les conditions météorologiques font que chaque récolte est différente de l'autre. Le boulanger veut néanmoins pouvoir offrir toujours le même pain à ses clients. La farine doit donc être constante», mentionne Michel Duval, lorsqu'on lui demande la plus grande difficulté de son métier.