Payer le transport de l'école au travail, offrir une bourse d'études, consulter les étudiants quand vient le temps de faire les horaires. Voilà quelques-unes des solutions pour retenir les étudiants qui ont un emploi à temps partiel.

Selon Statistique Canada, parmi les étudiants québécois de 15 à 24 ans inscrits à plein temps, plus de 42,3% occupaient un emploi à temps partiel en 2011. Et dans la tranche des 20 à 24 ans, ce pourcentage grimpait à 54%. Une vraie manne pour les employeurs qui, dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, ne peuvent ignorer cet important bassin de travailleurs. Justement, comment s'y prend-on pour attirer et fidéliser la main-d'oeuvre étudiante?

Selon Stéphane Simard, conférencier et auteur, l'étudiant n'est pas un travailleur comme les autres. Du simple fait, et c'est logique, que son occupation à plein temps n'est pas son travail, mais bien ses études.

«Plusieurs employeurs trouvent que les étudiants sont très centrés sur eux-mêmes, qu'ils demandent trop souvent des accommodements. Or, c'est normal: un jeune prépare son avenir, il est en train de découvrir ce qu'il fera dans la vie. Bref, l'étudiant a des besoins qui sont différents des autres travailleurs», explique M. Simard.

Écouter les besoins

La clé, selon lui, est de s'intéresser à l'étudiant, à ses intérêts, ses rêves. «Il faut éviter d'employer un étudiant pour boucher un trou. Il faut établir une relation gagnant-gagnant. Comment l'étudiant peut-il s'épanouir dans son travail et comment l'entrepreneur peut-il en profiter? Il y a presque une mission sociale là-dedans», dit l'auteur des livres Génération Y et Les patrons sont-ils tous des menteurs?.

Concrètement, pour attirer des étudiants, Stéphane Simard suggère d'accueillir des stagiaires, d'organiser des «portes ouvertes» avec le concours des étudiants qui travaillent déjà dans l'entreprise (afin de leur permettre de participer au processus de sélection), de commanditer des événements scolaires (sport, culture, soirée) ou même de créer des bourses d'excellence.

Pas d'horaire de nuit!

Pour les retenir, voire les fidéliser, M. Simard recommande avant tout de concilier travail et études, bref, de ne pas faire travailler un étudiant plus de 15 à 20 heures par semaine. «Surtout, pas d'horaire de nuit pour ne pas brûler les jeunes. Idéalement, on prépare les horaires quelques semaines à l'avance pour offrir de la souplesse à tout le monde, notamment durant les périodes d'examen.»

Par ailleurs, poursuit le conférencier, il est de plus en plus fréquent que des entreprises remboursent les frais de transport entre l'école et le lieu de travail. Certains vont plus loin et offrent des bourses d'études ou paient en partie, ou en totalité, les droits de scolarité de leurs étudiants lorsque ces derniers obtiennent de bons résultats et, plus tard, leur diplôme dans les délais requis.

Depuis quelques années, un nombre croissant d'initiatives sont mises de l'avant aux quatre coins du Québec afin de sensibiliser les employeurs à l'importance de ne pas surcharger l'horaire de leurs jeunes travailleurs. Un excellent moyen de contrer le décrochage scolaire.

Par exemple, dans Lanaudière, 350 entreprises ont reçu la certification «Oser jeunes» depuis 2006 dans le cadre d'un programme éponyme. Près de 3300 étudiants de Lanaudière travaillent dans ces entreprises qui ont reçu leur certification (bronze, argent ou or) après avoir été visitées (et jugées) par des spécialistes en ressources humaines.

Pas plus de 20 heures par semaine

Dans la région de la Haute-Yamaska, en Estrie, près de 150 entreprises sont reconnues comme «employeurs engagés» par l'entremise de l'opération conciliation études-travail. Ici, on demande notamment aux entreprises de ne pas faire travailler un étudiant plus de 20 heures par semaine et d'offrir un quart de travail se terminant au plus tard à 22h (du dimanche au jeudi).

Serge Tremblay, propriétaire du magasin Sport Experts à Granby, fait partie de la liste des employeurs engagés. «J'emploie beaucoup d'étudiants; jusqu'à 25 durant le temps des Fêtes. Ça me permet de mieux répartir les heures. Tant qu'un jeune poursuit ses études, il est le bienvenu. Mais s'il abandonne des cours ou lâche carrément l'école pour faire plus d'heures au magasin, c'est bien dommage pour lui, mais je ne le garde pas», dit celui qui prêche par l'exemple en ne faisant travailler sa fille Ashleigh que 10 heures par semaine.

Pour connaître la liste des initiatives et des programmes de sensibilisation sur la conciliation études-travail au Québec, visitez le site de Persévérance scolaire (perseverancescolaire.com).