Quand on est perdu, on utilise une boussole ou un GPS pour retrouver son chemin. Au travail, le bilan de carrière peut jouer le même rôle et nous permettre de déterminer l'étape où l'on est et la destination à suivre. Quelques règles de base s'appliquent pour réaliser un bilan de carrière pertinent.

D'abord, il doit être fait régulièrement.

«Généralement, les gens attendent d'arriver à un point charnière, par exemple un changement d'emploi ou une mise à pied, mais ce serait préférable de le faire plus souvent. Le bilan permet de se réapproprier le temps passé dans une organisation, et de voir ce que l'on a réalisé», explique Danielle Labre, associée principale et coach exécutive chez Vézina Nadeau Labre, cabinet-conseil en coaching et transition de carrière.

Anne-Geneviève Girard, psychologue organisationnelle et coach, partage cet avis. «Même si on a un bon emploi, on devrait le faire aux deux ou trois ans, dit-elle. Toute carrière, même si elle est stable, connaît des changements. Par exemple, on change de patron, de collègues ou de poste, et des changements importants surviennent en moyenne tous les cinq à sept ans.»

Un bon bilan doit comprendre une liste de nos forces et de nos qualités. «On devrait écrire nos cinq forces les plus importantes, les cinq choses que l'on aime le plus, ainsi que d'autres critères, comme notre niveau d'ambition et les valeurs importantes qui éclairent nos choix», explique Danielle Labre.

«Je me poserais ensuite la question: est-ce que mes plus importants talents, forces, qualités et habiletés sont utilisés dans mon travail? Sinon, je suis en train de gaspiller mon talent! Il y a un prix à cela. Quand on fait son bilan, on veut savoir jusqu'à quel point on est heureux dans son travail, il faut donc accorder autant d'importance au coeur qu'à la tête. Et il faut aussi tenir compte de son âge, car les besoins reliés au travail et nos priorités changent avec le temps», dit Anne-Geneviève Girard. De 20 à 30 ans, on construit généralement les bases de sa carrière. De 30 à 40 ans, on continue d'apprendre et de progresser de toutes sortes de façons, et de 40 à 50 ans, on est au maximum de son potentiel pour contribuer à une organisation. À partir de 50 ans vient le désir de transmettre le savoir et de développer la relève, tout en restant à la page dans son domaine.»

À chacune de ces étapes, il est nécessaire de se demander si son travail répond aux besoins de base communs à tous les travailleurs, soit les besoins de sécurité, d'affiliation et de socialisation, d'autonomie et d'actualisation de soi.

«Comme il est rare que l'on trouve un emploi qui répond de façon élevée à chacun de ces besoins, en général, il faut faire une priorisation parmi eux, ce qui implique de renoncer partiellement à la satisfaction de l'un des besoins, au profit des autres, en fonction de l'étape où on est rendu dans sa vie», précise Mme Girard.

Consulter un professionnel peut être utile pour dresser un bilan plus complet, mais si ce n'est pas possible, on peut certainement faire une bonne partie du travail soi-même, selon Danielle Labre.

«On est capable de se poser des questions et de réfléchir, dit-elle. Là où on a besoin d'aide, c'est pour être remis en question et explorer certains angles que l'on n'ose pas aborder soi-même, dit-elle. Il y a beaucoup de livres sur la carrière qui peuvent nous aider dans notre réflexion, mais on peut avoir besoin d'aide pour faire une synthèse et faire ressortir ce qui est le plus significatif dans ce que l'on a trouvé. Si on n'est pas en mesure de consulter un professionnel, on peut demander à un ami de nous aider à voir ce qui ressort de l'exercice.»

Une fois le bilan terminé, il faut passer à l'action.

«On doit clarifier nos objectifs à court, moyen et long terme, dit Mme Labre. Si on a envie, par exemple, d'un poste de gestion, il faut se demander si on est prêt, évaluer où on en est par rapport à ce but, quoi faire pour y arriver, quelles étapes on doit franchir et établir un plan d'action et des stratégies pour atteindre nos objectifs.»