Peu de cadres canadiens croient avoir à embaucher du nouveau personnel professionnel au cours du prochain trimestre, car pour la plupart, c'est le statu quo: 83% ne prévoient aucun changement dans la taille de leur équipe. Toutefois, 9% prévoient une hausse de leur effectif et à peine 4% anticipent des mises à pied.

Ces résultats sont tirés du Rapport sur les emplois professionnels publié chaque trimestre par la société de recrutement Robert Half. «C'est à la fois une bonne et une mauvaise chose, résume Jean-Philippe Gauthier, C.A., directeur du recrutement pour le cabinet. Bonne, car il y aura plus d'embauches que de mises à pied, avec 5% de hausse nette. Mauvaise, car c'est 4% de moins qu'au dernier trimestre.»

Le climat est plutôt à la stabilité; Statistique Canada a annoncé la semaine dernière que le taux de chômage au pays était demeuré stable en mai à 7,3%, après deux mois de forte progression (le Québec enregistre une faible hausse à 7,8%). «Cette stabilité peut s'expliquer par deux choses, croit M. Gauthier: les entreprises canadiennes sont en pause et attendent de voir ce qui va se passer aux États-Unis, mais aussi en Europe et en Asie. L'autre raison qui empêche les entreprises de planifier, c'est la difficulté de trouver une main-d'oeuvre de qualité dans des domaines spécialisés comme la comptabilité, les finances et le droit.»

Professionnels qualifiés: une denrée rare

En effet, 41% des cadres interrogés par Robert Half affirment avoir de la difficulté à trouver des professionnels qualifiés. «En comptabilité et finances, le taux de chômage est de 3,6% et il est de 4,1% dans les technologies; on n'est pas loin du plein emploi. À Montréal, notamment, ce sont des postes très recherchés, car autant les petites que les grandes entreprises ont besoin d'analystes financiers, de comptables ou de gens dans leur équipe de paye, qui sont présentement une denrée rare sur le marché!»

Le secteur juridique est aussi fortement en croissance avec une embauche nette prévue de 39% au pays. Le phénomène est bien réel à Montréal, croit le recruteur: «On engage beaucoup dans les cabinets présentement; c'est un retour de balancier après la crise qui a causé beaucoup de mises à pied.»

Cette situation fait en sorte que les candidats ont plus que jamais «le gros bout du bâton», ajoute M. Gauthier. «Beaucoup d'employeurs ne s'en rendent pas encore compte et vont perdre des employés, ce qui coûte très cher. Mais plusieurs entreprises à Montréal commencent à comprendre les bienfaits du travail sur la rétention des employés, ce qui fait une grosse différence.»

M. Gauthier remarque d'ailleurs que les Montréalais à la recherche d'un emploi semblent moins préoccupés ces temps-ci par la question salariale que par d'autres facteurs, telles les possibilités d'avancement, la qualité de vie et l'endroit du lieu de travail. «Si on s'approche de la maison, même si on fait le même salaire, ça peut améliorer notre situation globale. J'ai même vu des gens prêts à accepter une diminution salariale, car l'emploi offrait d'autres avantages.»