La colère est une émotion naturelle, mais qui doit être évitée en milieu professionnel. Les organisations ne devraient pas tolérer sa manifestation, tout en portant assistance aux employés aux prises avec elle.

Dès qu'on l'entend arriver dans le couloir, ses collègues de travail plongent leur nez sur leur clavier d'ordinateur. Personne ne veut plus travailler dans son équipe. On excuse ses crises de colère en disant que de toute façon, elle se comporte ainsi avec tout le monde... Elle, c'est la personne colérique.

Une telle situation n'est pas acceptable, et l'organisation ne doit pas fermer les yeux, croit Angelo Soares, professeur au Département d'organisation et ressources humaines de l'École des sciences de la gestion (ESG) de l'UQAM.

«Si le responsable hiérarchique était intervenu dès la première crise de colère, en disant: "on n'accepte pas ce genre de comportement ici", cela aurait permis de la mettre dans un cadre», explique M.Soares.

L'entreprise devrait accompagner l'employé dans son travail de gestion des émotions, poursuit ce spécialiste en harcèlement psychologique et violences au travail. Cette assistance peut prendre la forme d'un cours de gestion du trop-plein émotionnel, afin d'aider les employés qui ne peuvent pas endiguer leur fureur.

L'expression de la colère doit être évitée en milieu professionnel «parce qu'il y a des conséquences à l'exprimer, que ces conséquences soient concrètes ou invisibles», souligne M. Soares. L'auteur de la colère répand ainsi la peur dans son entourage professionnel qui, à son tour, réagira en s'éloignant de lui.

Les raisons de la colère

Avant d'intervenir, l'organisation doit comprendre pourquoi la colère est survenue. Cette explosion d'émotion peut exprimer un sentiment d'injustice ou de frustration.

C'est pourquoi l'entreprise a tout intérêt à en analyser les causes, assure Alain Samson, conférencier et auteur sur le mieux-être au travail. «La colère d'un employé peut être aussi bénéfique que la colère d'un client. C'est un appel à l'aide pour que l'entreprise améliore sa façon de communiquer», indique-t-il.

Mais lorsque la colère est artificielle, motivée par une arrière-pensée, l'organisation doit se montrer ferme. «Le rôle du gestionnaire est de déterminer si c'est l'un ou l'autre, martèle Alain Samson. Quand la colère fait partie d'une stratégie, elle est destructrice. Elle ne vise qu'à désengager l'employé de son travail.»

Et lorsque c'est le gestionnaire, ou le patron lui-même, qui explose de colère? «C'est un manque de leadership. Cela peut démontrer un déficit d'estime de soi», affirme Angelo Soares.

Patron ou employé, un seul réflexe devrait suivre immédiatement la crise de colère: des excuses. «Il faut tout de suite s'excuser d'avoir dépassé un seuil. Cela démontre du respect envers les autres», recommande Angelo Soares.

Maîtriser sa colère en quatre étapes

- Ne pas se laisser aller: Reconnaître qu'on est en colère. Affirmer «je ne suis pas fâché!», c'est nier son émotion. On a le droit d'être en colère.

- Penser aux conséquences de cette colère: Qu'est-ce qui va arriver? Qu'est-ce que ça va m'apporter de positif?

- Recadrer son émotion, et en voir les avantages: Si je hurle après un collègue, le climat de travail risque d'empirer. Mais si je me calme, ça n'empêche pas de s'expliquer pas avec cette personne un peu plus tard.

- Entreprendre une action immédiate: Quand on se sent capable de s'asseoir calmement avec la personne pour discuter avec elle, c'est le temps de le faire, pas avant. Si ce n'est pas le cas, mieux vaut prendre une pause d'une heure, ou un jour de repos.

Source: Réjean Labelle, conférencier en motivation et en gestion des émotions au travail.