La semaine des centres de la petite enfance (CPE) commence demain. Coup d'oeil sur le travail méconnu des gestionnaires de ces établissements.

Plusieurs mythes persistent à propos du travail des gestionnaires de CPE. Chantal Bisaillon, directrice générale du CPE Les Gnomes, à Châteauguay, et membre du conseil d'administration de l'Association du personnel-cadre des CPE du Québec, les déconstruit.

Mythe no 1

Pour gérer un CPE, il suffit d'aimer les enfants.

«Bien sûr qu'il faut aimer les enfants. Le gestionnaire doit être porteur de la mission du CPE qui est centrée sur l'enfant. Mais dans le quotidien, il est rare que je trouve le temps d'aller voir les enfants dans la pouponnière. Les années 70, pendant lesquelles des femmes démarraient des garderies dans leur quartier pour permettre à d'autres femmes d'aller travailler, sont loin derrière. À l'époque, gérer une garderie était une vocation, alors que maintenant, c'est une profession», affirme Chantal Bisaillon.

Par exemple, le ministère de la Famille et des Aînés exige que la directrice générale - on parle au féminin parce que les CPE demeurent un monde très majoritairement féminin - ait au moins un baccalauréat en administration, en gestion, en pédagogie, en éducation ou dans un domaine connexe.

«Il faut aussi avoir des compétences en gestion, en gestion des ressources humaines et en pédagogie», ajoute Mme Bisaillon.

Pour la directrice adjointe, un diplôme d'études collégiales en technique d'éducation en services de garde, en technique d'éducation à l'enfance ou dans un domaine connexe est exigé en plus d'un certificat universitaire en ressources humaines ou en soutien pédagogique.

Chantal Bisaillon remarque aussi que les gestionnaires de CPE doivent avoir des aptitudes qui ne s'apprennent pas à l'école.

«Il faut être visionnaire, avoir du leadership et l'esprit entrepreneurial notamment pour aller chercher de nouvelles places pour arriver à répondre aux besoins de la population», explique la directrice générale.

Mythe no 2

Les gestionnaires de CPE gèrent de petits budgets.

«Les gestionnaires de CPE gèrent le troisième budget en importance des ministères après celui de la santé et celui de l'éducation», affirme Chantal Bisaillon.

Elle constate qu'en général, un CPE a un budget annuel de 1 à 6 millions.

«Les CPE sont subventionnés à 90%, précise Mme Bisaillon. Nous gérons des fonds publics, donc nous devons faire une reddition de comptes chaque année. On a des barèmes à respecter, on doit dégager une marge de manoeuvre.»

Une directrice générale de CPE doit aussi faire beaucoup de prévisions budgétaires. «Notre année financière commence le 1er avril et le Ministère nous donne le montant de notre subvention entre juin et août. Une année, nous avons su que notre budget était réduit en octobre, alors que six mois de l'année étaient passés! Nous devons être très prudentes pendant les premiers mois de l'année pour être certaines d'arriver», explique Mme Bisaillon.

Mythe no 3

Les gestionnaires de CPE ont seulement quelques employés à gérer.

Les équipes dans les CPE varient normalement de 25 à 60 personnes, évalue Chantal Bisaillon qui siège au conseil d'administration de l'Association du personnel-cadre des CPE du Québec.

«Ça inclut le personnel éducateur, les conseillers pédagogiques, la secrétaire, la comptable, la cuisinière, la directrice adjointe, précise-t-elle. Nous travaillons aussi en partenariat avec différents professionnels lorsqu'on rencontre des problèmes avec les enfants ou les éducatrices.»

Une gestionnaire de CPE doit en quelque sorte être une femme-orchestre.

«On doit éteindre des feux, que ce soit entre des éducatrices et des parents, ou entre deux éducatrices. Il y a des parents qui souffrent de problèmes de santé mentale. On doit aussi s'assurer d'être vigilants avec les parents séparés et les histoires de droits d'accès à l'enfant. Il faut être capable de gérer toutes sortes de situations et ça prend un bon sens de l'humour pour dédramatiser les situations.»

Mythe no 4

En matière d'équipement, les gestionnaires de CPE gèrent des boîtes de crayons de cire et quelques pots de pâte à modeler.

«Il faut gérer l'ensemble des structures et de l'équipement, indique Mme Bisaillon. Il faut voir à l'entretien des bâtiments. Quelque 40% des CPE ont deux installations ou plus, mais pas plus de quatre. Il faut aussi gérer l'achat et la réparation de l'équipement. Les budgets sont toujours serrés, alors il faut être capable de faire plus avec moins.»