En cette période où s'annonce une pénurie de personnel, de plus en plus d'entreprises se préoccupent du bien-être de leurs employés. Une tendance qui s'explique par l'arrivée de la nouvelle génération.

En juillet prochain, Distributeck Électrique, une PME de Saint-Laurent, déménagera dans un édifice entièrement rénové du parc industriel à Saint-Bruno. Le patron, Sylvain Beaulieu, estime qu'il est important d'offrir un environnement de qualité à ses 22 salariés.

«Je veux leur donner ce qu'il y a mieux. Mes gens auront accès à une mezzanine de 2000 pieds carrés, une grande cuisine, une table de billard, un gymnase, des douches, des toilettes, des jeux de Shuffleboard, une chaise de massage, un coin café internet et du hockey sur table.»

À l'heure du midi, certains pourront même faire une petite sieste sur un sofa mis à leur disposition. «Je veux qu'on soit heureux chez nous», ajoute M. Beaulieu qui ne connaît pas de pénurie de personnel.

Même son de cloche chez LDV Consultants, une entreprise de 35 employés qui a déménagé le 4 mai dans le parc industriel de Chambly. À l'extérieur, les employés ont accès à un cabanon pour vélos et une table à pique-nique. À l'intérieur, au rez-de-chaussée, ils pourront prendre une douche ou se détendre dans une salle qui comprend une table de ping-pong, un jeu de soccer sur table, et une console de jeux vidéo.

«Je crois à l'importance de se vider l'esprit lorsque nous travaillons de longues heures», indique Daniel Després, vice-président chez LDV.

«Des employés heureux, ajoute-t-il, auront un bon moral à l'ouvrage et une meilleure productivité.»

Chez les grandes entreprises

Les grandes entreprises comme Desjardins, qui emploie 48 000 personnes, tiennent de plus en plus compte des besoins de leurs employés.

«Les grandes organisations font face actuellement à des défis comme l'attraction des ressources humaines. Les nouvelles générations arrivent avec de nouvelles exigences et on se doit de rester à l'affût», dit Réal Cassista, directeur des assurances collectives et gestion de la santé chez Desjardins.

M. Cassista parle d'une approche qui favorise l'aménagement d'un horaire de travail selon les conditions et les préférences de l'employé. De plus, l'entreprise démontre une grande ouverture quant à ceux qui désirent travailler de la maison.

Les dirigeants de Desjardins songent à faire appel à une coopérative de services pour répondre aux besoins ponctuels des salariés. Cela peut varier d'un service de nettoyage de chemises à celui d'un changement de pneus. Bref, on s'occupera de faire ces tâches à leur place. Les frais seront pris en charge par l'employeur.

Tendance sociétale?

Le monde du travail est-il en train d'évoluer et de tenir compte des besoins des travailleurs? Le conseiller en ressources humaines Michel Maletto estime que c'est un phénomène en émergence.

«Je remarque que les entreprises en développement vont se préoccuper davantage de la qualité de vie de leurs employés», dit-il.

Certaines firmes proposent même un programme de formation et de bien-être axé sur l'équilibre de vie familiale et personnelle. «Ceux qui gèrent bien leur carrière, leur budget et leur relation de couple vont être plus heureux et plus productifs», explique le spécialiste en développement organisationnel.

L'impact de gens heureux au travail a des conséquences dans toutes les sphères de la société. «À la caisse d'un magasin, un employé courtois et poli développera une relation chaleureuse avec le client. Dans le milieu médical, s'il y a un bon climat dans le bloc opératoire, le patient va le ressentir et ne se sentira plus juste comme un numéro.»

L'arrivée des jeunes

L'arrivée des nouvelles générations sur le marché du travail est l'une des conséquences de ce virage. Les jeunes planifient leur carrière en tenant compte de leur qualité de vie. «Le salaire et la sécurité d'emploi ne font pas partie de leurs critères les plus importants. Le travail doit avoir du sens pour eux et ils veulent avoir du plaisir à accomplir leurs tâches», note M. Maletto.

«Dorénavant, un jeune tient compte du style de gestion du patron. Celui-ci doit être prêt à l'écouter, à l'aider à se développer et non pas à l'écraser.»

Le travail devient de plus en plus un milieu d'épanouissement. «L'employé n'est plus quelqu'un qu'on exploite. L'employeur qui donne une meilleure qualité de vie à son personnel aura plus de chance d'attirer et de garder les talents.»