Éric Piccoli représente cette nouvelle génération d'hommes-orchestres qui ont appris à tout faire eux-mêmes, avec peu de moyens, et à obtenir des résultats. Il sait être cadreur, storyboardiste, monteur, réalisateur et producteur.

D'abord attiré vers l'animation, le jeune homme fait son DEC en dessin animé au cégep du Vieux Montréal. Mais son intérêt bifurque en cours de route. «Ce que j'aimais du dessin animé, c'était de pouvoir choisir des cadres pour raconter une histoire. Je me suis rendu compte que je pouvais le faire en filmant!», explique celui qui a étudié en production cinématographique à Condordia.

Éric Piccoli s'est fait connaître grâce à la websérie post-apocalyptique hivernale Temps mort, dont la troisième saison vient d'être lancée sur Tou.tv, qu'il produit, réalise et scénarise... entre autres! «À la base, c'était un projet d'université qui a été refusé, raconte-t-il. On a décidé de le tourner quand même, avec seulement 2500$, en six jours de plateau où tout le monde était bénévole.»

Morcelé en épisodes, Temps mort est diffusé sur le web. La websérie connaît un succès inattendu, devient accessible sur Dailymotion, et atteint 500 000 visionnements. Le tout attire l'attention de Radio-Canada, qui finance les saisons 2 et 3.

Pour Éric, le web est d'abord un choix: «J'en fais parce que j'en consomme et que j'aime l'accessibilité au monde que ça donne. La télévision n'a pas cette ouverture sur le monde ni cette liberté dans le contenu et la durée», constate celui qui dit vouloir développer ces prochains projets pour le web.

C'est d'ailleurs pour pouvoir réaliser des projets à sa manière qu'Éric fonde en 2008 sa propre boîte de production, les Productions Babel, avec Marco Frascarelli, un complice de longue date. «Marco a étudié en gestion et comptabilité, il s'occupe donc plus du financement. De mon côté, je suis plutôt créatif, je porte les projets. À deux, on se complète», remarque le jeune homme de 26 ans.

Car si le métier de producteur comporte sans contredit un aspect financier, ce dernier a aussi la responsabilité de mener un projet à bon port: «Un producteur doit voir un potentiel dans un projet, savoir oser. Il a aussi la responsabilité de bâtir l'équipe. Il est un peu comme l'entraîneur d'une équipe de hockey; il va s'arranger pour avoir tous les bons éléments pour gagner. Tu ne veux pas nécessairement aller chercher les meilleurs, mais ceux qui travailleront le mieux ensemble», conclut-il.

À savoir

Producteur

Formation: Plusieurs formations universitaires en cinéma peuvent mener à l'emploi.

Perspectives professionnelles: Acceptables (2011-2015)

Salaire moyen annuel: 50 000$ (2005)

Employeurs potentiels: Les producteurs sont souvent leur propre employeur ou travaillent pour des boîtes de production déjà existantes.

Source: Emploi-Québec