Depuis un certain temps, les frustrations s'accumulent envers certains collègues ou même le patron. La motivation est à zéro. Votre chèque de paie vous retient de quitter l'entreprise dont le climat s'est grandement détérioré. Peut-être faites-vous partie d'une équipe dysfonctionnelle? Quels sont les signes à reconnaître? Deux conseillers en ressources humaines, Louise Charette, présidente de Multi Aspects Groupe Inc. et Michel Maletto, de Maletto et Associés, apportent des précisions et des solutions.

1. Mauvais climat de travail

Dans une équipe dysfonctionnelle, on retrouve un mauvais climat dans lequel les employés ne se sentent pas reconnus ni valorisés. «L'équipe est en mode survie. Il y a de la tension entre les gens. Certains critiquent dans le dos des autres. Il y a du chialage et une grande démotivation», explique Michel Maletto, spécialiste en développement organisationnel.

2. Communication rompue

Chaque personne s'évite à tel point qu'il n'y a plus aucune communication. Il devient très difficile de travailler ensemble. «Souvent, l'employé retient une information par mauvaise foi, négligence ou inconscience», allègue Louise Charette. Lors d'une réunion, les collègues font semblant de ne pas apercevoir celui qui a l'air mécontent. «Ils se disent: c'est son problème, pas le mien.»

3. Les erreurs à répétition

Les gens font plusieurs erreurs. Cela entraîne des pertes de temps. Le travail doit être entièrement refait. La conséquence? Les clients deviennent insatisfaits. «Dans bien des cas, les gens n'apprennent même pas de leurs erreurs», ajoute M. Maletto.

4. De mauvais comportements

Les individus adoptent des comportements néfastes. En période de crise, les prises de becs se multiplient. «Ils ne sont plus capables de retenir leurs frustrations et finissent par exploser», observe M. Maletto. Dans une entreprise, un employé a exprimé sa colère par un agissement plutôt spectaculaire. «Avec un gros camion, il a bloqué l'accès de la voiture d'un de ses collègues qui a dû retourner chez lui en taxi.»

5. La faute au patron

La conseillère en orientation organisationnelle, Louise Charette, intervient souvent en raison d'un manque de leadership. «Le patron ne prend pas de décision. Il pense que ses employés vont se débrouiller. J'ai souvent entendu la phrase: ce sont des adultes, je n'ai pas à m'en mêler. «Le patron doit informer ses gens, les consulter ou les impliquer dans une décision. Ainsi, le travail risque d'être bien fait», estime pour sa part Michel Maletto.

Les solutions

Les deux spécialistes en ressources humaines suggèrent de bien établir au départ le but de l'équipe. L'atteinte de l'objectif établi passe ensuite par la responsabilisation de chacun des membres. «Je constate souvent que le véritable problème, c'est la compétence des individus. Le patron n'a pas choisi les bonnes personnes pour faire le travail», mentionne Michel Maletto. Une mauvaise organisation est parfois à l'origine du problème. «Il faut se poser la question: doit-on changer notre méthode de fonctionnement?»

De son côté, Louise Charette compare une équipe à un couple. «Il faut communiquer et être tolérant par rapport aux défauts de l'autre.» Elle mise sur une écoute attentive sans porter d'accusation ni de jugement. «Il faut tenter de travailler ensemble plutôt que l'un contre l'autre.» Mme Charette estime que le premier pas est la prise de conscience. Peu à peu, l'équipe intègre de nouvelles règles de fonctionnement avec les bons comportements.

Faire part de ses attentes

M. Maletto propose une recette qui a fait ses preuves en entreprise. Chacun prend la peine d'écrire sur une feuille quelles sont ses attentes spécifiques envers ses collègues. Le patron fait le même exercice vis-à-vis ses employés. Par la suite, les deux parties s'engagent à entreprendre des actions concrètes afin d'atteindre le but désiré. «Il peut s'agir d'être ponctuel, de fournir tous le même effort ou de se parler avec respect. N'oubliez pas de répondre à ces questions: quels sont vos irritants et quelles sont vos priorités?»

Michel Maletto déplore que les équipes soient souvent laissées à elles-mêmes. «On leur donne un chèque aux deux semaines et on ne s'en préoccupe plus.» L'ancien consultant des compagnies Renault et Air France prône de tenir une réunion régulièrement. «On souligne ainsi nos bons coups et les choses à améliorer. En tout temps, on apprend à se dire les choses simplement, directement et avec respect.»