La tête est le point de départ d'une meilleure santé psychologique au travail.  

«Tout part de la tête de l'entreprise», soutient en effet Richard Matte, président de l'Association des professionnels en santé du travail (APST). «Il faut juste conscientiser la haute direction qu'on peut avoir des résultats plus importants et des gens plus heureux et en santé si on se soucie un peu de ce volet et qu'on amène les gens à travailler plus intelligemment.»

Il trace un parallèle avec la responsabilité de l'employeur envers le bon fonctionnement de son équipement de production en usine. «S'il exige beaucoup d'une personne au point de la rendre malade parce qu'il met beaucoup de pression comme il aurait brisé une machine, n'est-il pas un peu responsable? Je crois qu'il faut le sensibiliser à cette question.»

La règle des cinq mètres

L'amélioration de la santé psychologique au travail n'est pas nécessairement coûteuse ou complexe. «Ce n'est pas juste à travers les actions organisationnelles et les grandes politiques, mais en intervenant dans le cinq mètres autour de la personne, décrit Jean-Pierre Brun, directeur de la chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail à l'Université Laval. Je crois que la clé du succès est là.»

Il privilégie une démarche au sein de petits groupes, ce qu'il appelle des focus-équipes. «J'ai comme principe que ce qui stresse les gens se situe dans un rayon d'action de cinq mètres autour d'eux, explique-t-il. On travaille avec des équipes naturelles, composées de gestionnaires et d'employés, et on les fait réfléchir à la manière d'améliorer leurs conditions de travail. C'est une approche très participative, très locale.»

C'est ce qu'il appelle l'hygiène au sens très large.