Catherine Genest est une passionnée de la langue. Une passion qu'elle voulait transmettre. La profession d'enseignante était donc tout indiquée pour elle. «J'ai toujours eu une bonne idée que c'était ce que je voulais faire. Mais l'enseignement au Nord, ça, non!», raconte celle qui est titulaire d'un bac ès arts (majeure en français, mineure en histoire) ainsi que d'un certificat en enseignement du français au secondaire.

Pourtant, la femme de 37 ans a entamé l'automne dernier sa quinzième année à l'école Isummasaqvik, dans le village inuit de Quaqtaq, situé au 61e parallèle, sur la côte de l'Ungava. Comme quoi la vie, parfois, nous réserve des surprises.

«J'étais en début de carrière et j'enseignais à l'Île-du-Prince-Édouard quand j'ai vu une petite annonce dans les journaux. Je me suis dit que ça pouvait être une aventure!», explique-t-elle.

Mme Genest a donc fait le grand saut. «La première année, ça prend beaucoup d'énergie pour s'adapter à la culture, à la température, à la noirceur, la toundra... La deuxième année, je suis retournée pour profiter de tout ce que j'avais investi, et du contact que j'avais réussi à établir avec les jeunes. Puis je suis revenue une troisième année. Et à chaque fois, je me posais de moins en moins la question. Je me sens plus chez nous maintenant.» Elle est mariée à un Inuit, a eu deux enfants et parle assez couramment l'inuktitut.

Dans sa petite école d'une centaine d'élèves de la maternelle à la cinquième secondaire, sa tâche se divise entre l'enseignement du français (langue seconde) aux élèves du secondaire et de l'orthopédagogie, majoritairement auprès d'élèves du primaire. «Ici, les classes sont multiniveaux, et les tâches, multiples. On n'a pas le choix d'être polyvalent», résume-t-elle.

On entend souvent parler des conditions difficiles dans le Nord, une réalité que ne nie pas Mme Genest. «Ce ne sont pas des conditions faciles, mais je crois qu'il y a d'autres milieux dans le Sud où c'est difficile également. Et il y a des avantages: les classes comptent une dizaine d'élèves seulement, j'ai un meilleur contact avec eux, plus de temps à leur consacrer», énumère-t-elle.

Pour bien s'adapter dans le Nord, il faut être «ouvert d'esprit et prêt à apprendre «, affirme-t-elle. « Même les professeurs avec beaucoup d'expérience peuvent être déstabilisés en arrivant ici. Ça prend de la flexibilité, être capable d'essayer une nouvelle façon de faire quand ça ne fonctionne pas.»

À SAVOIR

Formation: Baccalauréat en enseignement (d'autres formations mènent à la profession)

Salaire: Entre 37 298$ et 71 946$ (selon l'échelle salariale, CS Kativik)

Primes: Au Nunavik, les primes d'éloignement pour une personne seule varient de 7500$ à 10 400$ par année. Les primes de rétention varient de 3500$ à 7000$ par année pour les deux premières années et entre 5000$ et 9000$ par année pour les années suivantes.

Taux de demande de la main-d'OEuvre: Selon l'IMT, c'est une des professions les plus demandées dans l'ensemble du Québec

Perspectives d'emploi: La Commission scolaire Kativik compte 14 écoles dispersées dans autant de villages du Nunavik, tous au nord du 55e parallèle. Chaque année, elle embauche entre 50 et 60 nouveaux professeurs.

Sources: Emploi-Québec, Information sur le marché du travail (IMT), Commission scolaire Kativik.

Formation en enseignement

Pour enseigner au primaire et au secondaire sur le territoire couvert par le Plan Nord, tout comme partout au Québec, il faut posséder un brevet d'enseignement. Ce brevet est délivré par le MELS aux titulaires d'un baccalauréat en enseignement (certaines équivalences sont reconnues). Plusieurs universités offrent des programmes d'enseignement. La programme sera sélectionné en fonction du niveau où l'on désire enseigner et de la matière choisie. Voici une liste, non exhaustive, des formations:

> Baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire

> Baccalauréat en enseignement du français langue maternelle au secondaire

> Baccalauréat en enseignement de l'anglais langue seconde au secondaire

> Baccalauréat en enseignement des mathématiques au secondaire

> Baccalauréat en enseignement des sciences et de la technologie au secondaire

> Maîtrise en éducation, profil enseignement au secondaire (pour les titulaires d'un baccalauréat)