Ils ont étudié en biologie, en sciences politiques ou en droit. Aujourd'hui, ils sont musiciens, programmeurs de jeux vidéo ou éleveurs de canards. La Presse dresse leur portrait et démontre que l'école ouvre bien plus qu'une porte.

Lorsque Dan Séguin étudiait à l'Université de Waterloo en ingénierie électrique et acoustique en 1980, il était loin de se douter que quelques années plus tard, il gagnerait sa vie comme camionneur. C'est pourtant là où la vie l'a conduit (deux fois plutôt qu'une!), avant qu'il ne soit embauché comme ingénieur électrique dans le domaine de l'aviation.

«J'étais d'abord fasciné par le son», explique M. Séguin. Après ses études, il devient preneur de son et technicien dans un studio de Montréal. Reconnu pour ses compétences techniques, il décide en 1989 de fonder une entreprise offrant le design, clés en main, aux studios d'enregistrement. «J'étais le spécialiste en cas de pépin technique. On m'appelait quand on ne savait plus quoi faire. Je trouvais en quelques minutes la solution alors que d'autres la cherchaient depuis des heures!», se souvient-il. En marge de son travail, Dan Séguin nourrit aussi une passion pour l'aviation, ce qui influencera plus tard sa carrière. Il obtient d'ailleurs sa licence de pilote privé.

En 1996, victime de surmenage, M. Séguin n'a d'autre choix que de se réorienter. «Je travaillais jusqu'à 16 heures par jour. J'étais épuisé. J'ai dû faire une pause pour ne pas risquer de perdre ma santé», dit-il.

Être payé pour voyager

Pour se soustraire au stress, ce dernier cherche alors un métier qui ne demande pas trop d'exigences, qui lui permet de voyager et d'être payé pour le faire. «C'est pour ça que je suis devenu camionneur», explique M. Séguin. En parallèle, il cumule aussi différents contrats, de la rénovation de maisons au design de salles de cinéma maison.

L'ingénierie se rappelle à lui un an et demi plus tard. «Un chasseur de tête m'a contacté pour me proposer un emploi dans l'électronique et l'aviation. Je n'ai pas hésité.» Le lundi suivant, il est embauché à titre de designer électrique pour la division des simulateurs de vol commerciaux chez CAE.

Pour diverses raisons, l'entreprise a toutefois dû procéder à d'importantes mises à pied en 2004. Dan Séguin n'y échappe pas, et redevient camionneur.

Mais l'aviation lui manque cruellement. Coup de chance, il décroche un emploi chez Bombardier l'année suivante. Un emploi qu'il détient toujours. «Je suis chargé de projet en ingénierie électrique pour la finition intérieure de Challenger», précise M. Séguin. Ces jets privés sont entièrement personnalisables: de l'avionique sophistiquée à l'éclairage de la cabine, en passant par le comptoir de cuisine, tout y passe. C'est Dan Séguin qui est responsable du design. Et il adore cela: «Chaque jet est unique. C'est un défi à chaque fois, un rêve devenu réalité.» Ça y est, le cordonnier a trouvé chaussure à son pied.