Autrefois, un emploi à temps partiel était considéré comme un boulot de misère. Aujourd'hui, il est plutôt synonyme de qualité de vie. La preuve: trois Québécois sur quatre qui travaillent à temps partiel le font par choix.

Depuis deux ans, Catherine Lajoie travaille une quinzaine d'heures par semaine comme éducatrice remplaçante dans un centre de la petite enfance, à Montréal. On lui a offert un poste à temps plein à six reprises. Elle a toujours refusé.

«Travailler à temps partiel fut une décision naturelle, explique-t-elle. Mon conjoint occupe deux emplois, celui de commissaire scolaire et celui de programmeur-analyste. Nous avons trois enfants âgés de 15, 6 et 4 ans. Mon horaire facilite la conciliation travail-famille.»

Catherine Lajoie n'est pas un cas exceptionnel. Aujourd'hui, un emploi à temps partiel n'est plus un pis-aller. C'est un choix de vie. Trois Québécois sur quatre qui travaillent à temps partiel le font de leur plein gré.

«Dans le contexte économique actuel, ce n'est pas étonnant», remarque Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (OCRHA).

Grâce à l'offre d'emploi grandissante et à la pénurie de main-d'oeuvre, les travailleurs ont le loisir de choisir les horaires qui leur conviennent. Le marché leur en offre la possibilité: il n'y a jamais eu autant de boulots atypiques avec la croissance exponentielle des secteurs de la santé, du commerce et des services.

«Au cours des prochaines années, le temps partiel «involontaire» diminuera en raison des nombreux postes qui seront laissés vacants par les départs à la retraite. On peut donc s'attendre à ce que le temps partiel par choix augmente», observe M. Francoeur.

Pour une vie équilibrée

Les gens qui optent pour le travail à temps partiel le font d'abord pour les études. Environ 37% de ces travailleurs sont des jeunes de 15 à 24 ans.

Les autres sont à la recherche d'une qualité de vie. Plusieurs disent le faire par «préférence personnelle», pour moins travailler, tout simplement. D'autres, comme Catherine Lajoie, désirent plus de temps pour s'occuper de leur famille.

Un cinquième des travailleurs à temps partiel par choix sont des retraités. «Cette nouvelle tendance contribue à la création d'emplois atypiques, signale Florent Francoeur. Ces personnes sont en bonne santé, fiables et expérimentées. Elles veulent continuer à s'occuper, donner un sens à leur vie, tout en pouvant compter sur un revenu d'appoint.»

Tim Hortons et RONA ont d'ailleurs défini leur stratégie de recrutement en fonction des retraités. «RONA a ainsi réglé son problème de main-d'oeuvre», affirme M. Francoeur.

Que des avantages... ou presque

Selon le PDG de l'OCRHA, la création d'emplois à temps partiel peut être un moyen d'attraction et de rétention efficace. «Surtout auprès des jeunes travailleurs qui recherchent une culture de travail qui valorise l'équilibre entre la vie personnelle et la carrière», dit-il.

Cette réalité comporte toutefois son lot de défis. «Le plus important est la gestion des horaires. Les entreprises ont du mal avec ça», souligne-t-il.

Du côté des travailleurs, il n'y a pratiquement que des avantages à ce régime, «puisqu'ils assument leur choix», souligne M. Francoeur.

Il y a bien sûr une baisse de revenu. «Mais la liberté que m'offre mon horaire et le temps passé avec mes enfants compensent largement», dit Catherine Lajoie.

Les employés à temps partiel pourront toujours viser un poste à temps plein par la suite sans craindre de préjugés défavorables à leur endroit. «Au contraire, en raison de la pénurie de main-d'oeuvre, ces travailleurs seront accueillis à bras ouverts», estime Florent Francoeur.

Pour sa part, Catherine Lajoie réévaluera sa situation dans deux ans. «À ce moment-là, ma plus jeune entrera à l'école et mon conjoint songera à se représenter ou non comme commissaire. Je verrai alors si un horaire à temps plein est compatible avec notre organisation familiale.»