Refuser une promotion est une opération délicate. Trucs et astuces pour y arriver sans sacrifier sa réputation.

Vous êtes paresseux.

Vous fuyez les responsabilités.

Vous n'êtes pas motivé.

Vous n'êtes pas engagé dans l'entreprise.

Vous êtes incapable d'affronter la pression.

Voici autant d'exemples qui font réfléchir quand vous songez à passer votre tour devant une promotion.

David (nom fictif), producteur dans le domaine des communications, a eu quelques pensées du genre lorsque son patron lui a offert un nouveau poste récemment.

«Je pensais même un peu ça de moi. Toutefois, la réalité, c'est que je m'éloignais de mon objectif. Je voulais diversifier mes activités et faire du théâtre», raconte-t-il.

D'après Alain Petit, conseiller en ressources humaines agréées (CRHA) chez Vézina Nadeau Labre, un employé ne devrait pas avoir à refuser une promotion. «Si ça arrive, c'est signe qu'il y a un manque de communication entre lui et ses patrons. Une promotion ne devrait pas être une surprise. Le patron doit discuter avec ses employés de leur parcours professionnel pour planifier sa relève.»

Comme tout n'est pas toujours parfait, si on doit refuser une promotion, il faut faire preuve de prudence.

«C'est toujours un peu délicat parce que l'offre vient du patron qui, souvent, a eu l'approbation de son patron à lui. En refusant, on place donc souvent son patron dans une situation inconfortable», affirme M. Petit.

Où est-ce le plus difficile de refuser une promotion?

«Dans certaines entreprises familiales. C'est très difficile, par exemple, pour un père de voir que son fils ne souhaite pas diriger l'entreprise», affirme M. Petit qui travaille comme coach professionnel en gestion de carrière et développement de compétences.

Moment de réflexion

À moins qu'on soit certain d'accepter la promotion, Alain Petit conseille de demander un court délai de réflexion avant de donner sa réponse.

«Dire non sur-le-champ peut avoir l'air confrontant et créer un effet de surprise. Le moment de réflexion permet à l'employé de mesurer les pour et les contre, puis ça prépare le patron à un refus éventuel», explique-t-il.

Jocelyne était éducatrice dans un centre de réadaptation en déficience intellectuelle. Elle a hésité lorsqu'on lui a offert, il y a plusieurs années, un poste de gestion.

«Je me doutais bien qu'un poste du genre représenterait des heures interminables et bien des problèmes», précise celle qui est nouvellement à la retraite.

La franchise

Comme Jocelyne était syndiquée, elle a finalement accepté la promotion à condition d'obtenir un congé sans solde d'un an de son poste d'éducatrice. Elle se gardait ainsi l'option de retourner à son ancien travail. C'est finalement ce qu'elle a fait au bout d'une année.

«J'ai expliqué franchement à mes patrons les raisons pour lesquelles ce poste n'était pas pour moi. Ils ont compris.»

Alain Petit croit qu'il existe de bonnes raisons pour refuser un poste. Par exemple, si on est meilleur dans un rôle technique que dans un rôle de gestion.

«Aussi, accepter une promotion contre son gré ne rend pas service à une organisation», précise-t-il.

David, par exemple, a finalement refusé le nouveau poste. Sa réflexion l'a même mené à travailler dorénavant à temps partiel plutôt qu'à temps plein pour avoir le temps de faire du théâtre.

«Mes patrons ont compris que pour me réaliser pleinement, je devais travailler sur différents genres de projet. Je crois qu'ils voient une certaine intégrité dans mon choix. Notamment parce que le théâtre est un milieu pauvre», affirme-t-il.

Une autre bonne raison aux yeux d'Alain Petit pour refuser une promotion: sentir qu'on n'est pas encore assez solide pour accepter un tel poste.

«On peut par exemple dire qu'on a besoin de plus de formation. Par contre, ce serait très mal vu de faire les formations en vue d'une promotion, pour finalement refuser le poste. Il faut y réfléchir avant», avertit M. Petit.

Proposer une solution de rechange

Lorsqu'on refuse une promotion, Alain Petit conseille de proposer une solution de rechange à son employeur.

«Par exemple, en suggérant de donner un coup de main à la personne qui aura finalement la promotion pendant la transition, indique M. Petit. On peut aussi suggérer d'augmenter ses responsabilités pour aller chercher de nouvelles compétences pour arriver un jour à un poste plus important. L'idée, c'est de montrer à son patron qu'en dépit du refus, on continue d'être engagé dans l'entreprise.»