Certains s'en sortent très bien pour négocier leur salaire. Pour d'autres, c'est un véritable cauchemar. Trucs et astuces pour tirer son épingle du jeu.

Jean-François se souviendra toujours de cette négociation de salaire. Bardé de diplômes, le scientifique était particulièrement fier de sa performance pour sa première année de travail dans un grand centre de recherche américain.

«Je gagnais 57 000$ par année et je voulais 10 000$ de plus. J'ai demandé un chiffre rond: 70 000$. Mon employeur m'a finalement donné 67 000$!»

D'après Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), l'employé n'a pas à se sentir mal à l'aise de renégocier son salaire.

«Ça fait partie de la normalité des choses chaque année. Ce n'est pas un abus», précise-t-il.

Les employeurs prévoient un budget chaque année pour les augmentations de salaire. Par exemple, pour 2012 au Québec, l'augmentation moyenne prévue est de 2,6% d'après des enquêtes menées auprès de 1280 entreprises par cinq cabinets spécialisés en rémunération.

Choisir son moment

Si l'entreprise fait des évaluations de rendement de ses employés, c'est l'occasion idéale, d'après Florent Francoeur, pour demander une augmentation.

«Surtout si l'employeur manifeste qu'il est très satisfait de vous et qu'il a de nouveaux défis pour vous», précise-t-il.

Si on n'a pas d'évaluation, on peut tout de même demander à son patron une fois par année un rendez-vous pour discuter de son rendement.

«Ensuite, on l'amène à parler de salaire. Bien sûr, l'idéal est de trouver un moment d'accalmie dans l'entreprise pour faire ça», indique M. Francoeur.

Savoir ce qu'on désire

Avant de se présenter devant son patron pour demander une augmentation de salaire, il faut également savoir ce qu'on désire. Et avoir un plan B.

«Si l'entreprise donne entre 45 000$ et 50 000$ pour son type de poste, on aura de la difficulté à avoir plus, précise M. Francoeur. C'est bien de penser à autre chose pour faire augmenter sa rémunération globale. Par exemple, une semaine de vacances de plus, une bonification de l'allocation versée pour l'auto ou de la contribution à la caisse de retraite.»

Le PDG de l'Ordre des CRHA précise d'ailleurs que le salarié doit toujours regarder la rémunération globale lorsqu'il souhaite comparer sa situation avec celle d'un ami ou d'un collègue.

Que faire si le patron est complètement fermé à l'idée de tout type d'augmentation?

«On peut lui dire ouvertement quel est son minimum acceptable. S'il n'y a rien à faire, le patron devra vivre avec les conséquences de ses actes. Si l'employé ne sent pas qu'il est rémunéré à sa juste valeur, il risque d'être démotivé et moins performant.»

L'employeur pourra même en arriver à perdre son employé. Après son augmentation de 10 000$, Jean-François a connu quelques années plus difficiles à son travail. Il n'avait pas l'impression de faire un travail sensationnel. Ses augmentations suivaient l'inflation.

«À un moment donné, raconte-t-il, j'ai dit à mon patron que j'avais une offre ailleurs avec un salaire plus élevé. Je lui ai demandé s'il voulait me faire une contre-offre. Il a dit non. Ç'a été un peu niaiseux, mon affaire, parce que finalement, l'autre offre est tombée à l'eau. J'aurais pu me retrouver sans emploi. Je suis finalement resté en poste au même salaire jusqu'à ce que je trouve un meilleur emploi. Et heureusement, ça a fonctionné cette fois!»

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LE TRUC DE FLORENT

Si votre supérieur doit parler de votre augmentation à ses patrons, mettez les grands points de la discussion dans un courriel. Envoyez-le ensuite à votre patron qui pourra même le transférer directement à son patron à lui. Vous simplifierez ainsi la vie de votre patron et vous vous assurerez qu'il n'oubliera pas d'éléments.

LEA STRATÉGIES À ÉVITER SELON FLORENT FRANCOEUR

- Utiliser le salaire de ses collègues pour justifier sa demande d'augmentation de salaire.

- Menacer son patron qu'on quittera l'entreprise si on n'obtient pas l'augmentation désirée. À moins bien sûr d'être vraiment prêt à partir.

- Demander une augmentation de salaire alors qu'on entend parler de mises à pied ou lorsqu'on a pris un verre ou pendant le party de Noël.