Ils ont étudié en biologie, en sciences politiques ou en droit. Aujourd'hui, ils sont musiciens, programmeurs de jeux vidéo ou éleveurs de canards. La Presse dresse chaque samedi leurs portraits et démontre que l'école ouvre bien plus qu'une porte.

Après deux ans de pratique en droit, Marie-Josée Garneau et Sébastien Lesage ont décidé de troquer la robe d'avocat et d'enfiler le tablier de gaveur ! Portrait de deux jeunes épicuriens qui ont répondu à l'appel de la nature.

La question se pose : pourquoi, après avoir fait son Barreau, laisse-t-on tout tomber pour élever des canards à Saint-Apollinaire ? « Pourquoi pas ? », répond celle qui a pourtant habité dans un 2 et demi à Québec. J'avais envie d'être à mon compte et d'habiter à la campagne ».

« De mon côté, j'ai toujours aimé les animaux. Mon père -avocat lui aussi- élevait quelques canards à l'automne, alors je croyais tout savoir sur l'élevage », ajoute Sébastien Lesage.

Des essais et erreurs

S'ils appréciaient argumenter et jongler avec la loi pour faire ressortir la vérité, plusieurs points chicotaient le couple d'avocats dans la pratique. Sébastien n'aimait pas « la complexité technique du droit et ses délais trop longs », tandis que Marie-Josée trouvait que le domaine manquait d'authenticité.

C'est à ce moment que naît le Canard Goulu. On s'en doute, devenir fermiers du jour au lendemain n'a par contre rien d'évident. Après une première année parsemée d'embûches, les copropriétaires ont suivi un stage de deux semaines sur le gavage dans le sud de la France. « Notre expérience de départ nous a permis d'avoir des questions à poser et de revenir avec toutes les réponses », explique Mme Garneau.

Appliquer la loi

Leur formation en droit est toutefois loin d'être perdue. « Le monde agroalimentaire est très réglementé. Les règles environnementales sont également strictes. Connaître les lois nous permet de les comprendre et de défendre nos droits », estime Sébastien Lesage. « Disons qu'à l'Inspection des aliments, on nous connaît bien ! », ajoute l'éleveuse.

Une situation qui n'a pas que de bons côtés. « C'est épuisant de se battre. Nous avons des frustrations envers l'appareil gouvernemental. On cherche notre souffle en ce moment », admet Marie-Josée Garneau.

Les deux associés sont pourtant bien heureux lorsque les clients les remercient d'exister. « On emploie une trentaine de personnes et on produit une viande saine. À chaque étape, nous nous assurons que les choses sont bien faites. C'est notre fierté », assure Marie-Josée Garneau.