Les perspectives d'emploi au Québec semblent favorables selon les résultats de l'enquête prospective trimestrielle réalisée par l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréées (CRHA). Seule ombre au tableau: l'inflation, qui risque de réduire le pouvoir d'achat des travailleurs.

Mise sur pied au début 2011 par l'Ordre des CRHA, l'enquête prospective trimestrielle en est à sa troisième édition. En juillet, 346 professionnels de la gestion des ressources humaines représentant quelque 204 000 employés ont été sondés sur leurs attentes quant à l'évolution de l'emploi dans leurs entreprises.

«On a lancé cette étude dans un contexte où l'économie va relativement bien, alors que le nombre de travailleurs est en hausse. Notre enquête vient refléter cette réalité: les chiffres montrent que les entreprises sont toujours en mode embauche», résume Florent Francoeur, président du CRHA.

En effet, 40,1% des répondants prévoient une augmentation du nombre d'employés au sein de leur entreprise au cours des trois prochains mois, alors que seulement 3% prévoient une diminution, pour une différence nette de +37,2%. Cela constitue une augmentation par rapport au trimestre précédent (+34,2%).

C'est surtout au sein des petites entreprises (+43%), dans le secteur manufacturier (+54%) et dans la grande région de Montréal (+46%) qu'on prévoit le plus d'embauche. Les attentes sont moins élevées en région avec des différences nettes de +21% pour la région de Québec et +33% en Montérégie.

Côté recrutement, l'été semble avoir allégé la pression sur les épaules des employeurs, pour qui la recherche de nouveaux talents demeure un défi de taille. On note une baisse par rapport au trimestre précédent concernant les efforts de recrutement prévus: 39,1% s'attendent à une intensification des efforts, comparativement à 56,7% le trimestre précédent.

«Grâce à la main-d'oeuvre étudiante qui est plus disponible et au ralentissement normal du niveau de la production, la pression est moins grande l'été. Mais cela risque de revenir à la normale et la rareté de la main-d'oeuvre risque de s'accentuer au cours des prochains mois», avertit M. Francoeur.

Gare à l'inflation!

Les nouvelles semblent donc généralement bonnes pour les travailleurs québécois, comme nous le confirme Jean-François Lefebvre, porte-parole pour le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale: «Depuis la fin de la récession, la situation de l'emploi continue de s'améliorer et le marché québécois demeure solide. À moins de 8%, le taux de chômage reste un des plus faibles des 30 dernières années», affirme-t-il.

Seule ombre au tableau: l'inflation, qui est passée de 1,1% au premier trimestre de 2010 à 2,2% un an plus tard, pour monter à 3,2% au cours des deux derniers trimestres. Interrogés sur leur intention d'augmenter les salaires au-delà du taux d'inflation au cours de la prochaine année, les gestionnaires se montrent prudents: seulement 13,1% répondent par la positive, alors que 37,5% avouent prévoir un fléchissement, ce qui crée une différence nette de -24,4%, comparativement à +22% au trimestre précédent.

«Cette baisse importante est provoquée par l'augmentation de l'inflation, note M. Francoeur. Dans plusieurs conventions collectives qui ont été signées dernièrement, la norme était une augmentation de 2% par année, et il ne faut pas oublier que 40% des travailleurs sont syndiqués au Québec. Si la tendance se maintient avec une inflation à 3%, les augmentations de salaire ne suivront pas, ce qui diminuera le pouvoir d'achat des travailleurs.»

Quant aux soubresauts de la Bourse à la suite des problèmes connus par le gouvernement américain, ils ne devraient pas inquiéter outre mesure les travailleurs québécois et canadiens, croit M. Francoeur: «Contrairement à la crise de 2008, ce qui se passe aux États-Unis présentement n'est pas lié à la santé financière des entreprises, mais du gouvernement. Bien sûr, cela crée de l'instabilité. Mais au Canada présentement les entreprises vont bien et le dollar est presque à parité; il y a donc peu d'impact sur l'emploi à anticiper pour le moment», conclut-il.