Ils escaladent les plus hauts sommets, traversent les mers à la rame ou font le tour du globe à vélo. Aucun défi n'arrête les aventuriers professionnels, des passionnés qui font de la planète leur terrain de jeu et de leurs exploits, un véritable gagne-pain.

On dit d'un aventurier qu'il est professionnel quand il réussit à gagner sa vie, du moins en bonne partie, grâce aux commandites que lui valent ses expéditions. La plupart tirent également des revenus des activités découlant de leurs voyages, comme les conférences qu'ils donnent à leur retour, ou encore les livres, articles, films et photographies basés sur leurs péripéties.

Certains, comme Mike Horn, qui a fait le tour du globe par l'équateur à pied, en vélo et en bateau, soit 40 000 km, et dont les expéditions sont financées par des entreprises aussi prestigieuses que Mercedes Benz, sont reconnus mondialement. D'autres, plus ou moins discrets, ont des boulots qui les occupent à temps partiel en attendant leur prochaine virée extrême. Mais comment arrive-t-on à en faire une carrière?

«Au départ, pour financer ses expéditions, il faut attirer des commanditaires et pour cela, il faut avoir une idée originale et se démarquer des autres, dit François-Guy Thivierge, alpiniste, qui peut certainement se vanter de faire partie de ce cercle restreint.

Depuis quatre ans, il a accompli un tour de force en escaladant les sommets les plus élevés de chaque continent, soit l'Aconcagua (Amérique du Sud), le Kilimandjaro (Afrique), l'Everest (Asie), le Mont Vinson (Antarctique), le Mont Denali (Amérique du Nord), le Mont Elbrouz (Europe) et le Mont Cartsternz (Océanie), en plus de se rendre aux deux pôles en ski!

«Faire seulement l'ascension du Kilimandjaro ou traverser le Canada à vélo, ça ne suffit plus pour attirer des commanditaires importants, dit-il. Tellement de gens le font que c'est devenu presque banal. De plus, il y a aujourd'hui une multitude de causes humanitaires et d'événements qui se disputent les commanditaires.»

Et des idées originales, il n'en manque pas! En 2008, pour financer son ascension de l'Everest, il a proposé à l'organisation des fêtes du 400e de la ville de Québec d'être son représentant en allant planter son drapeau au sommet de la plus haute montagne du monde.

«Ils m'ont nommé ambassadeur sportif des fêtes du 400e, cela a fait parler de moi dans les médias, et ce fut l'élément déclencheur, raconte-t-il. Par la suite, les médias ont continué de suivre mes péripéties.»

Car sans visibilité médiatique, la carrière d'aventurier a peu de chances d'être un succès, à moins d'avoir une fortune personnelle à sa disposition. Question de continuer à attirer l'attention des médias après l'Everest, Thivierge a donc ensuite décidé de dormir dans des congélateurs pour s'entraîner au froid avant son expédition dans l'Antarctique.

«On a parlé de moi partout, je suis même passé à la télé, dit l'alpiniste qui reçoit l'aide, entre autres, de North Face et de Desjardins. Pour convaincre des commanditaires de financer nos aventures, il faut développer un plan de visibilité et une structure de commandites, et s'assurer de faire parler de soi afin que nos commanditaires y trouvent leur compte. Sur ce plan, bien des entreprises sont devenues réticentes parce qu'elles ont été échaudées en aidant des gens qui ne leur ont pas apporté la visibilité voulue.»

Capacités et disponibilité

Certes, le financement est essentiel pour devenir un pro de l'aventure. Mais avant tout, il faut avoir la capacité et l'endurance physique et mentale nécessaires pour accomplir des prouesses! En jetant un coup d'oeil au CV de l'alpiniste, on comprend que l'aventurier ne s'est pas construit en un jour. Marathons, triathlons et nombreux voyages d'escalade émaillent son parcours depuis trente ans.

De plus, pour partir à l'autre bout du monde pendant plusieurs mois, il faut être capable de laisser derrière soi sa famille et ses autres activités.

«Mon but dans la vie, c'est de vivre des expériences, des émotions et de voyager, dit celui qui, à 47 ans, est encore célibataire et sans enfants. Pour me permettre de faire cela, j'ai lancé une école d'escalade, le Roc Gyms. C'est ainsi que je me suis d'abord fait connaître et cela m'a permis de déterminer mes horaires. J'ai la liberté de me détacher de mon entreprise pour faire mes expéditions. Quelqu'un qui travaille, par exemple, comme fonctionnaire, ne pourrait pas devenir aventurier professionnel.»

La prochaine aventure sera littéraire, car il se prépare à lancer un livre sur les sept sommets et les deux pôles, en octobre prochain. En attendant son prochain voyage...