Vous est-il déjà arrivé d'invoquer une fausse raison pour vous absenter du travail? Si oui, vous faites partie des 23% de travailleurs québécois qui ont fait de même, selon un sondage mené conjointement par CROP et l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréées (CRHA).

Ce résultat constitue une augmentation de 7% par rapport au même sondage qui avait été fait en 2005. Une réalité inquiétante quand on sait que l'absentéisme coûte cher, très cher aux entreprises, qu'on pense aux remplacements et aux heures supplémentaires à la perte de productivité, de production ou même de clients.

«On dit souvent qu'un taux d'absentéisme de 1% coûte 1% de masse salariale. On a grosso modo 8% de taux d'absence au Canada, affirme Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre. Si on applique ce chiffre au Québec, qui a une masse salariale de 173 milliards, le coût de l'absentéisme s'élève à 14 milliards.»

Responsabilité partagée

Il pourrait être facile de jeter le blâme sur les employés, mais M. Francoeur préfère parler de responsabilité partagée: «Il ne faut ni culpabiliser ni banaliser l'absence et il faut se rappeler qu'il y a toujours une raison derrière une absence. C'est la responsabilité à la fois des travailleurs et des employeurs.»

Responsabilité de l'employé, d'abord, qui doit faire un examen de conscience s'il s'absente trop souvent de son travail pour de fausses raisons: «Si quelqu'un s'absente parce qu'il hait son job, il est peut-être temps de songer à changer d'orientation ou à parler à son patron pour tenter de trouver des solutions», note M. Francoeur.

Mais il y a aussi la responsabilité de l'employeur de gérer adéquatement les absences, en posant des questions, mais aussi en communiquant clairement aux employés la politique de l'entreprise à ce sujet. «Les employeurs doivent rappeler aux employés que lorsqu'ils doivent s'absenter pour de bonnes raisons, ils peuvent le faire. Ils doivent aussi créer un milieu de travail où il y a une ouverture et où le travailleur peut s'exprimer honnêtement.»

De la même façon, il ne faut pas négliger l'impact qu'un milieu de travail conflictuel peut avoir sur l'absentéisme: «Dans les endroits où les patrons ne règlent pas les conflits, on voit des taux d'absence beaucoup plus élevés. Au contraire, des employés heureux ont tendance à se présenter plus souvent au travail», avance M. Francoeur.

L'absentéisme au féminin

Une autre réalité émerge de ce sondage: même si les femmes mentent un peu moins souvent que les hommes quant aux raisons de leur absence, ce sont elles qui s'absentent le plus. Au Canada pour l'année 2010, on note une moyenne de 11 jours d'absence pour les femmes, contre 7,6 pour les hommes (9,1 en moyenne).

«Même si on dit qu'il y a évolution dans le monde du travail, il demeure encore aujourd'hui que ce sont les femmes qui ont la plupart du temps la responsabilité familiale. Si l'enfant est malade et que la femme travaille dans un milieu où il n'y a pas de tolérance pour cette réalité, c'est un peu comme si l'entreprise obligeait la femme à mentir», déplore M. Francoeur.

En mal d'éthique?

Ce sondage était aussi l'occasion de vérifier les pratiques éthiques des travailleurs. À ce sujet, près de 73% croient que leurs collègues ont toujours ou parfois des comportements contraires à l'éthique. «Le comportement non éthique le plus souvent évoqué est celui du vol de temps, par exemple, une personne qui arrive systématiquement en retard», souligne M. Francoeur.

Les travailleurs sont aussi 18% à admettre avoir caché des informations à leur patron, que ce soit pour des résultats, des erreurs, des questions de rendement. «Ce que ces résultats montrent aussi, c'est que les employés ne sont pas suffisamment informés sur les positions éthiques de l'employeur. Il y a 30% des entreprises qui n'ont pas de code éthique, ce qui fait que les employés ne savent pas trop ce à quoi ils ont droit ou pas», conclut M. Francoeur.