Opérateur d'ascenseur, laitier, draveur... Avec l'évolution des technologies, certains métiers ont disparu ou sont en voie de disparition. La Presse dresse pour vous le portrait de ces dinosaures du monde du travail et de leurs équivalents d'avenir.

Opérateur d'ascenseur, laitier, draveur... Avec l'évolution des technologies, certains métiers ont disparu ou sont en voie de disparition. La Presse dresse pour vous le portrait de ces dinosaures du monde du travail et de leurs équivalents d'avenir.

Le printemps venu, à la fonte des glaces, c'était le temps de la drave. Le métier de draveur, ou corps d'élite des travailleurs forestiers, était un travail extrêmement difficile qui a aujourd'hui complètement disparu. Mais n'était pas draveur qui voulait!

Le mot drave vient de la déformation de l'expression anglaise to drive (conduire les billots). Robert Bérubé, qui a exercé ce métier dans les années 50, résume l'essentiel du travail ainsi: «Avec une gaffe de 12 pieds et un tourne-bille, le draveur devait veiller à ce que les billots suivent le cours de la rivière et qu'ils ne s'échouent pas sur la grève, surtout avec la crue des eaux.»

Dans l'eau glacée 12 heures par jour

Les draveurs surveillaient la formation d'embâcles dans les passages étroits et les rapides. S'il y avait un problème, ils devaient remettre les billots à l'eau et défaire les embâcles rapidement, parce que d'autres billots arrivaient sous peu. «On portait des bottes cloutées qui nous permettaient de courir sur les billes de bois. On était trempé jusqu'à la ceinture durant toute la journée», se souvient M. Bérubé. Pour détruire un embâcle, un draveur plantait le bâton de dynamite pour faire sauter l'amoncellement.

À l'époque, les draveurs travaillaient 12 heures par jour, pour un salaire quotidien de 20$.

Le métier de draveur s'est éteint en 1987, alors que le gouvernement du Québec a instauré une loi empêchant les compagnies forestières de mettre à l'eau les billots, puisque ces derniers contaminaient l'eau. Depuis, ils sont transportés par camions.

Si le métier de draveur s'est éteint, plusieurs autres professionnels s'activent dans la forêt. C'est le cas des opérateurs de séchoirs à bois, qui apprêtent le bois avant qu'il ne soit transformé en usine. Ces employés travaillent également à des températures extrêmes.

Pour gérer le séchage du bois, l'opérateur doit constamment veiller sur une immense bouilloire, qui fournit l'énergie nécessaire à cette opération. Les instruments de mesure, l'odeur et le contact de l'air dans le séchoir lui indiquent les étapes à suivre pour atteindre le niveau d'humidité désiré. Ses principaux outils de travail sont, en plus du séchoir et de la bouilloire, l'hygromètre, la sonde thermique, l'ordinateur et le psychromètre.

Planchers de bois franc

Une fois séché, le bois qu'il a préparé sera transformé, en usine, en planchers de bois franc.

La tâche est délicate, selon Kevin Asselin, opérateur de séchoir à bois depuis deux ans. «J'ai un rôle important à jouer sur la qualité du produit. Un bois mal séché sera rejeté, déclassé et se vendra à prix réduit», explique-t-il.

L'environnement de travail est aussi particulier. «Lorsque j'entre dans le séchoir et que j'inspire, je sens l'eau bouillante me descendre dans les poumons et lorsque je sors, c'est plutôt des cubes de glace. C'est comme travailler dans un poêle à bois géant, au fond», dit Kevin Asselin.

Avis aux intéressés: la formation en classement des bois débités, offerte notamment à l'École de foresterie et de technologie du bois de Duchesnay, ouvre la voie à cette profession.