Certains enseignants, au primaire comme au secondaire, proposent à leurs élèves de réaliser un projet entrepreneurial. Une initiative qui peut faire toute une différence.

«Au début, le français, je haïssais ça à mourir. Avec le projet de roman que nous avons réalisé, je me suis rendu compte que j'étais vraiment bon en français finalement, et que j'aimais ça», affirme Jess Bournival, un élève de quatrième secondaire du Centre d'apprentissage et de formation en entrepreunariat (CAFE) de la Commission scolaire de l'Énergie, à Shawinigan.

Marie-Andrée Shore, son enseignante, a eu de la difficulté à croire au début du projet que ses élèves écriraient chacun un chapitre de 1500 mots. «Avant, je leur demandais d'écrire un texte de 150-200 mots et il fallait presque que je me batte! C'était de la torture pour eux! Finalement, certains ont même dépassé le nombre de mots demandé!», indique l'enseignante qui travaille maintenant pour une deuxième année consécutive sur ce projet à la demande de ses élèves qui sont en train d'écrire la suite du roman Légende uni-solaire, Désordre 666.

«Ça m'a donné beaucoup confiance en moi et de la fierté parce que ce roman-là, il va rester», ajoute Jess.

D'après une analyse des retombées des projets entrepreneuriaux accomplis en classe dans des milieux défavorisés réalisée par Valoris, une initiative du Concours québécois en entrepreneurship, 82% des élèves ont affirmé que le fait de participer à un projet entrepreneurial les a rendus fiers d'eux.

La volonté des jeunes

Il y a toutefois une recette au succès: tout projet d'entreprenariat doit respecter la volonté des jeunes.

Par exemple, au CAFE, c'est un élève, William Saint-Pierre, qui a commencé par lui-même à écrire un roman. Il a finalement manqué d'inspiration et les autres élèves de sa classe ont voulu l'aider. C'est comme ça que l'idée du projet est née.

À l'école primaire des Boisés, à Saint-Alexis-des-Monts, c'est une manufacture d'accessoires de cuir que les élèves ont décidé de démarrer.

«Je leur ai demandé quel genre d'entreprise ils aimeraient lancer et ils ont sorti plein d'idées! Nous y sommes allés démocratiquement», explique Julien Boisvert qui a réalisé ce projet avec sa classe de cinquième année l'an dernier.

Développer des compétences

En mettant sur pied un projet entrepreneurial, les élèves explorent différents domaines. «Nous avons créé quatre comités, un pour l'impression, un pour les dessins, un pour le marketing et un pour l'organisation de la conférence de presse», indique Mme Shore.

«Et chacun écrivait son chapitre, ajoute Jess. Avant, il a fallu aussi faire de la recherche pour savoir comment c'était dans le temps, parce que l'histoire se passe avant l'époque médiévale. Il a aussi fallu faire un plan d'écriture et les corrections.»

Julien Boisvert et ses élèves ont même fait une étude de marché avant de se lancer dans la production d'objets de cuir. Ensuite, ils ont planifié la production, fait les échéanciers et même, un site Web pour l'entreprise. Pas question toutefois de laisser tomber les objectifs pédagogiques !

«Tout au long du projet, nous avons travaillé avec l'aire des surfaces, les centimètres et les chiffres à virgule. J'ai aussi montré aux élèves comment faire un diagramme pour qu'ils soient capables de faire un tableau de vente. C'est certain que ça demande un investissement de temps pour un enseignant, mais en même temps, je trouve que ça amène les élèves à apprendre plus vite puisqu'ils ont besoin des notions pour faire avancer leur projet», affirme M. Boisvert.

«Ça m'a vraiment motivée parce que c'était beaucoup plus le fun que de travailler dans un cahier!», affirme Léa Brodeur, 12 ans, qui était dans la classe de Julien Boisvert l'an dernier.

Quatre-vingt-cinq pour cent des enseignants ont affirmé lors de l'analyse de Valoris que la réalisation d'un projet entrepreneurial en classe leur a permis d'atteindre leurs objectifs pédagogiques d'une façon différente.

Un coup de main pour le futur

Peut-être que ces projets n'auront pas formé de grands écrivains ou d'habiles artisans, mais cette expérience laisse des traces.

«Je m'occupais du groupe du contrôle de la qualité, donc ça m'a aidée à développer mon leadership. J'ai découvert que j'étais une personne organisée et aussi, que j'étais plus manuelle que je ne le pensais», affirme Léa Brodeur qui souhaite devenir infirmière.

Maintenant âgé de 18 ans, Jess a découvert grâce au projet qu'il était bon pour parler devant un groupe.

«J'aimerais ça devenir conférencier, animateur, ou peut-être comédien. Avant, je ne croyais pas qu'il y avait de l'espoir pour l'avenir, mais là, je vois qu'il y en a. J'ai réussi à faire quelque chose dans cette école-là.»